• Vanguard
  • Changenligne
  • FMP
  • Rent Swiss
  • Gaël Saillen
S'abonner
Publicité

«La Financière de l’Echiquier est passée en un an à plus de 12 milliards d'euros sous gestion»

Bettina Ducat, directrice générale de La Financière de l'Echiquier, raconte comment la société française, présente à Genève, a signé une année record en pleine crise du Covid. Et dévoile ses ambitions en Suisse.

«Nous ne sommes pas encore présents en Suisse alémanique, ce que j’estime indispensable. J’ai donc l’intention d’ouvrir un bureau à Zurich», annonce Bettina Ducat.
«Nous ne sommes pas encore présents en Suisse alémanique, ce que j’estime indispensable. J’ai donc l’intention d’ouvrir un bureau à Zurich», annonce Bettina Ducat.
29 janvier 2021, 0h03
Partager

L’année 2020 aura marqué durablement les mémoires de tous et souvent par des souvenirs difficiles, mais elle a aussi généré une importante activité sur les marchés et ouvert de formidables opportunités. Que nous réserve 2021 après cela? Bettina Ducat, directrice générale de La Financière de l’Echiquier nous livre des premières pistes. Nommée à la tête de la société française – présente à Genève – en juillet dernier, elle dévoile aussi ses ambitions internationales et son intention de renforcer sa présence en Suisse.

Après une année si unique, quelles sont les perspectives pour 2021?

Nous pouvons être raisonnablement optimistes et aborder cette nouvelle année sereinement si les campagnes de vaccination fonctionnent. La concomitance des soutiens monétaire et budgétaire massifs associée aux taux bas ainsi qu’à des stocks d’épargne très élevés favoriseront la reprise de consommation, particulièrement dans les pays développés où elle représente entre 75% et 85% du PIB, et qui devrait contribuer au rebond des marchés.

Si 2020 a été une année d’augmentation des multiples et de récession bénéficiaire, 2021 devrait connaître un rebond et une accélération de la dynamique bénéficiaire des entreprises et en parallèle une compression des multiples.

Le contexte est favorable aux actifs risqués, au premier semestre au moins. Bien que les primes de risque se situent à des niveaux historiques, cela reste raisonnable vu la faiblesse des taux. Il faut cependant se montrer encore plus sélectifs. C’est là que la gestion active prend tout son sens.

Et comment orienter cette sélection?

En privilégiant la qualité des entreprises, en particulier la solidité de leur bilan, qu’elles soient cycliques ou de croissance. A privilégier également l’équilibre des portefeuilles entre valeurs de croissance et cycliques.

Y a-t-il des tendances qui se démarquent?

L’Europe est bien positionnée pour 2021 et bien évidemment l’Asie. Il n’est d’ailleurs pas nécessaire d’investir directement dans des sociétés asiatiques, on peut aussi se tourner vers des valeurs européennes ou américaines exposées à l’Asie. Ce qui permet de rester au sein d’un cadre juridique mieux connu.

L’investissement ESG est une tendance de fond bien installée. Si elle a surtout été initiée par des institutionnels, elle se renforce auprès des particuliers. Cette accélération au diapason de la crise du Covid-19 se retrouve d’ailleurs pour de nombreuses grandes tendances déjà engagées avant la pandémie. Il faut cependant se tenir à l’écart des secteurs durablement abîmés comme le tourisme, l’hôtellerie et l’aviation.

Que peut-on tirer de la crise traversée en 2020?

Les institutions ont su tirer les leçons du passé. La conjonction des soutiens monétaire et budgétaire a permis de contrecarrer les effets de la crise. Et si l’on a assisté à une accélération de l’endettement, les taux bas permettent d’en limiter le coût. Cela peut mener à une situation de roulement perpétuel de la dette qu’il faudra surveiller, si on s’approche de taux à 1,5% avec une tendance inflationniste.

2020 a aussi révélé certaines tendances de fond, à l’image de la numérisation de l’économie et à la montée en puissance de certains fonds thématiques. Venue d’abord des investisseurs retail, la tendance est de plus en plus suivie par des institutionnels qui cherchent à s’exposer de manière très précise, par l’exemple à l’intelligence artificielle ou à la robotique.

Et quel bilan établir pour La Financière de l’Echiquier à l’issue de cette année hors du commun?

C’était un crash test qu’il n’était pas possible d’anticiper, mais nous avons pu protéger nos collaborateurs et sommes restés mobilisés pour nos clients. Nous avons signé une année record et enregistré la meilleure collecte de notre histoire, en 30 ans. La Financière de l’Echiquier est ainsi passée en un an de 9,5 milliards d’euros sous gestion à plus de 12 milliards. C’est le fruit d’un travail de longue haleine, de la qualité de la gestion et de la génération d’alpha de grande qualité. Nos orientations stratégiques ont aussi rencontré l’appétit des clients.

Notre seule présence à Genève représente près de 500 millions d’encours sous gestion, multipliés par deux en deux ans, notre potentiel de croissance est donc important.»

Bettina Ducat

La collecte est équilibrée en termes de produits, de clientèle, avec une percée auprès des investisseurs institutionnels, et de géographie. Notre typologie de clientèle se répartit désormais en trois parts équilibrées entre retail, wholesale et institutionnel. Et 36% de la collecte nette émanent de l’étranger, ce qui répond à notre ambition de devenir un acteur de référence européen. C’est encore le début de l’aventure, mais je suis très confiante. Pour accélérer notre développement, nous renforçons actuellement nos équipes de gestion actions globales et thématiques, mais aussi notre dispositif commercial, notamment en Espagne et en Italie après l’avoir fait récemment en Allemagne et au Belux.

Qu’en est-il de la Suisse?

Nous sommes présents en Suisse romande mais pas encore en Suisse alémanique, ce que j’estime indispensable. J’ai donc l’intention d’ouvrir un bureau de La Financière de l’Echiquier à Zurich. La Suisse est sans conteste prioritaire pour nous ces prochaines années. C’est autant un formidable levier qu’une porte ouverte sur l’Asie, mais aussi un vivier de talents et d’expertises rares.

Notre seule présence à Genève représente aujourd’hui près de 500 millions d’encours sous gestion, des encours multipliés par deux en deux ans, notre potentiel de croissance est donc important. Avec deux collaborateurs, ce bureau qui fête ses cinq ans cette année n’en est qu’à ses débuts. La qualité des interlocuteurs en Suisse est extrêmement agréable, avec des investisseurs curieux, accessibles et une ouverture d’esprit plus marquée qu’ailleurs. Et j’ai aussi un attachement familial et personnel pour avoir notamment étudié à Saint-Gall.

La Financière de l’Echiquier est très active dans l’investissement responsable, êtes-vous prêts pour l’entrée en vigueur de la nouvelle réglementation européenne le 10 mars?

Nous sommes prêts en matière de politique de risque sur la durabilité. Il nous faut cependant encore attendre la publication des annexes techniques et méthodologiques après l’entrée en vigueur du règlement Disclosure pour affiner nos ajustements. Ces initiatives constituent en tout cas un progrès indéniable pour les investisseurs, en termes de lisibilité.

Nous sommes d’autant plus préparés que l’investissement responsable est dans notre ADN et que notre gamme d’investissement ESG et notre méthodologie propriétaire s’enrichissent sans cesse. Nous mettons un accent particulier sur la gouvernance, qui a une influence directe sur le «E» et le «S», et avons formé toute notre équipe de gestion à l’analyse ESG. La refonte de certains de nos portefeuilles en la matière représente deux ans et demi de travail. Les encours Investissement responsable et Impact ont franchi le seuil des 50% des encours totaux, ce qui est considérable.

Une acquisition en Suisse est tout à fait possible! Nous y trouvons des acteurs de taille et de grande qualité.»

Bettina Ducat

Après six mois à la barre et une arrivée en plein milieu d’une période non sans défis, avez-vous déjà pu lancer des projets?

J’hérite d’une magnifique maison qui bénéficie en France d’une image d’excellence et en suis très reconnaissante. Ma mission est à présent de répliquer ce succès dans le reste de l’Europe en accélérant notre développement international. C’est pour cela que j’ai lancé notamment une série de recrutements. Nous sommes également fréquemment sollicités pour d’éventuelles acquisitions et nous resterons attentifs et opportunistes. Le groupe Primonial (ndlr: l’actionnaire principal de La Financière de l'Echiquier) nous donne les moyens de nos ambitions.

Bientôt une acquisition en Suisse?

C’est tout à fait possible! Nous trouvons en Suisse des acteurs de taille et de grande qualité.