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La fin des rendements négatifs en Europe se rapproche

L’inflation galopante et la réduction à venir des achats d’obligations risquent de peser sur l’enthousiasme pour des emprunts à taux négatifs.

Gianni Pugliese
Mirabaud - Analyste obligataire
29 octobre 2021, 7h00
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La crainte que l’inflation transitoire se transforme en quelque chose de plus durable et force les banques centrales à agir occupe toutes les pensées, y compris européennes. Rien de surprenant, donc, à ce que les rendements allemands aient repris le chemin de la hausse, entrainant les dettes souveraines de tout le continent dans leur sillage.

Dans ce contexte, seuls l’Allemagne et les Pays-Bas détiennent encore le privilège de faire payer aux investisseurs l’acte de leur prêter de l’argent pour une décennie. Quant aux « autres », l’aubaine persiste mais ne s’applique plus qu’à des maturités plus courtes, à peine 3 ans dans le cas plus extrême de l’Italie. Parmi les «autres» sont inclus les pays émergents européens qui eux aussi bénéficient de cet environnement de rendements négatifs. 

Lituanie, Estonie Slovénie et Slovaquie

Cette année, par exemple, la Lituanie a levé 325 millions d’euros sur 7 ans à -0,013% en mars, ainsi que 230 millions d’euros sur 5 ans à -0,16% fin mai. L’Estonie a, quant à elle, emprunté 400 millions d’euros sur 1 an à -0,44% fin mars. Sur le marché secondaire, la Slovénie et la Slovaquie jouissent de rendements négatifs jusqu’aux segments respectifs de 7 ans et 9 ans.

Mais au vu de l’évolution récente du marché, la question est de savoir si ces conditions de marché inédites ne seraient pas sur le point de toucher à leur fin. Elle est légitime dans la mesure où l’inflation galopante et la réduction à venir des achats obligataires, dans le cadre du programme d’achat d’urgence pandémique (PEPP), risquent de peser lourd sur l’enthousiasme des investisseurs pour des emprunts à rendement négatif.

En se référant aux derniers chiffres publiés par Bloomberg, l’appétit se serait déjà quelque peu érodé. La somme globale de dette à rendement négatif a reculé à 11.500 milliards de dollars en date du 22 octobre, contre un niveau record de 18.400 milliards de dollars en décembre 2020. 

Tous les regards braqués vers la BCE

Des acteurs du marché obligataire en ont alors déduit que le pic d’intérêt pour ce genre d’obligations est probablement derrière nous. Ils estiment, à plus forte raison, qu’en cas de retrait, même partiel, du soutien de la Banque centrale européenne, nous ne verrons plus de rendements négatifs sur la dette émergente européenne en 2022, peu importe le sentiment de sécurité inspiré par l’adhésion à la zone euro. Car le marché ne s’y trompe pas, la BCE demeure bel est bien le pilier incontournable. 

Ses programmes d’achats ont largement épargné les pays émergents de la zone euro face à la hausse des coûts d’emprunts qui a frappé leurs homologues ailleurs. La Slovaquie illustre bien cette optique, ayant émis, ce mois-ci, 1 milliard d’euros d’obligations à 30 ans et payé une prime de 47 points de base au-dessus du taux de référence. À titre de comparaison, le Mexique avait dû s’acquitter d’une prime de 245 points de base pour un emprunt similaire en début d’année.

Alors est-ce que la fin du bon vieux temps des rendements émergents européens négatifs se rapproche? Oui probablement, car sortir indemne d’un scénario où la BCE deviendrait moins accommodante et les rendements allemands plus élevés parait difficilement réalisable pour un emprunteur émergent, même européen.