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«La Chine devrait devenir la première puissance économique en 2028»

Dans quels actifs faudra-t-il investir cette année? Lars Kalbreier présente sa première stratégie d’investissement sous les couleurs de la banque Edmond de Rothschild.

Lars Kalbreier, nouveau CIO global d'Edmond de Rothschild, a Warren Buffet comme modèle.
Lars Kalbreier, nouveau CIO global d'Edmond de Rothschild, a Warren Buffet comme modèle.
27 janvier 2021, 7h00
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2021 sera l’année du retour à la vie, mais elle sera marquée par les bouleversements irréversibles provoqués par la crise du Covid. C’est le tableau que dresse Lars Kalbreier, nouveau directeur de l'investissement (CIO) global du groupe Edmond de Rothschild. Il a effectué l’essentiel de sa carrière outre-Sarine et travaillait jusqu’ici chez Vontobel à Zurich en qualité de CIO global de la gestion de fortune. De retour à Genève qu’il avait quitté pour Londres à la fin ses études universitaires, le banquier supervise désormais l’ensemble des activités de gestion et de conseil en investissement pour la banque privée familiale.

Sous ses nouvelles couleurs, Lars Kalbreier a présenté sa stratégie d’investissement 2021. Il table avant tout sur la Chine. «Première à rebondir, elle a mieux géré et traversé la crise que les autres pays. Après avoir enregistré une croissance de 2% en 2020 (ndlr: alors que tous les autres grands pays enregistrent une récession), la Chine connaitra une expansion plus rapide que le reste du monde en 2021, de près de 10%. Naturellement, une exposition à la région s’impose dans des portefeuilles internationaux diversifiés», affirme celui qui a pour modèle Warren Buffet. Le pays accélère aujourd’hui sa cadence pour devenir la première puissance économique et «devrait le devenir en 2028».

Dans ce contexte économique redevenu favorable aux actifs risqués, Lars Kalbreier surpondère les actions par rapport aux obligations et aux liquidités dans les portefeuilles de gestion. Il voit les taux d'emprunts d’Etat rester bas longtemps grâce à l’action énergique des banques centrales. «Si les gouvernements occidentaux, qui ont financé leurs plans de relance en s’endettant davantage, ont besoin de taux bas pour financer ce surplus de dette supplémentaire, les investisseurs ont besoin de nouvelles sources de rendement plus élevé. Nous privilégions ainsi le crédit aux entreprises et la dette de pays émergents, notamment d’Asie, comme l’Indonésie, libellée en dollar ou en euro», explique-t-il. 

Le CIO mise aussi sur les technologies numériques. Un choix motivé par le fait que la crise de la Covid-19 a accéléré ces nouvelles tendances de consommation «domestique», caractérisée par plus de e-commerce, de recherche de confort mais aussi de télémédecine. «Il est probable que cette tendance continue de croître après la crise sanitaire. Le phénomène s’accompagne d’un besoin accru d'investissements dans la cybersécurité, corollaire de la digitalisation».

«Le bitcoin, un outil de spéculation»

Inévitablement, Lars Kalbreier place l’ESG comme «un thème fondamental pour 2021 et au-delà, en raison d’une prise de conscience généralisée des enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance». Un approche motivée par le fait que la plupart des programmes de relance gouvernementaux ont un dénominateur commun, celui des investissements dans la technologie verte et la durabilité. 

Qu’en est-il du bitcoin qui a marqué un nouveau plus haut en début d’année dépassant les 41.000 dollars? Pour le CIO global d’Edmond de Rothschild, la cryptomonnaie doit être vue comme un outil de spéculation et non comme un investissement. De plus, il estime que tous les projets actuels devraient disparaître pour laisser place à ceux des gouvernements. «Il est probable que d’ici 2026, les banques centrales émettent leur propre monnaie numérique pour reprendre la main. À partir de ce moment, les autres n’auront plus le même impact. Tant les gouvernements que les banques centrales ne vont pas abandonner le monopole qu’ils détiennent sur la monnaie. Le dernier exemple en date est celui de la Libra (ndlr : devenue Diem) de Facebook, qui n’a toujours pas été lancée.»

Pour ce qui est du marché des devises, le dollar devrait plutôt se stabiliser à son niveau actuel. Les Etats-Unis ont fait passer le message qu’il y aurait une doctrine anti-intérêt négatif, ce qui implique que le billet vert ne devrait pas se déprécier davantage selon Lars Kalbreier. Quant au scénario d’un retour de l’inflation en 2021, le CIO ne l’exclut et glisse que l’or reste encore un actif intéressant à conserver dans les portefeuilles de la banque.