La Bourse suisse parvenait à réduire quelque peu ses pertes lundi à l’approche de la mi-journée, après avoir entamé la séance dans le rouge, Donald Trump ayant relancé sa guerre commerciale, imposant des taxes douanières à des produits canadiens, mexicains et chinois. Les investisseurs redoutent désormais une dégradation de l’économie mondiale.
Le président américain vient de déclencher une nouvelle vague de droits de douane sur le Canada, le Mexique et la Chine, marquant ainsi une escalade dans sa stratégie économique intransigeante, constate ainsi John Plassard de Mirabaud Banque. «Le soft power n’est plus de mise. La puissance dure est de mise», poursuit l’expert. Ces droits de douane ne sont pas de simples ajustements commerciaux: il s’agit d’une déclaration de guerre économique destinée à forcer les principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis à se plier à la volonté de Washington.
Dans cette nouvelle ère, Donald Trump ne négocie pas; il dicte les termes, et les marchés mondiaux se préparent à en subir les retombées. Cependant, les Etats-Unis pourraient aussi en subir les contrecoups, ajoute John Plassard.
Du côté des informations macroéconomiques du jour, la croissance de l’activité manufacturière en Chine a ralenti en janvier pour le deuxième mois consécutif au point de frôler la contraction. L’indice d’activité des directeurs d’achat (PMI), calculé par le cabinet S&P Global et le média économique chinois Caixin, est descendu à 50,1 points en janvier, contre 50,5 en décembre. Ce chiffre est à peine supérieur au seuil de 50 points qui indique une expansion de l’activité.
La zone euro a connu une nouvelle accélération de l’inflation en janvier, à 2,5% sur un an.
En Suisse, les prix des logements en propriété ont continué de progresser au quatrième trimestre. Entre octobre et fin décembre, ils ont augmenté de 1,7%. Le renchérissement concerne aussi bien les appartements en propriété que les maisons individuelles. Le secteur helvétique des services a démarré l’année sur les chapeaux de roues, selon l’indice des directeurs d’achat (PMI) de janvier. Tout le contraire de l’industrie, qui se porte nettement plus mal.
L’indice PMI pour l’industrie a légèrement progressé de 0,5 point à 47,5 points en janvier. Néanmoins, l’indicateur reste en dessous du seuil de croissance de 50 points depuis plus de deux ans.
A la Bourse suisse, après avoir entamé la séance sur un repli de 1,47%, le SMI s’est légèrement repris dans la matinée, l’indice phare notant vers 10h50 à 12.462,68 points, soit un recul de 1,06%. Le SLI faisait nettement moins bien, abandonnant 1,49% à 2051,62 points, alors que l’indicateur élargi SPI fléchissait de 1,23% à 16.535,99 points.
A l’exception de Lonza (+0,1%), Swatch Group (+0,2%) et du poids lourd pharma Novartis (stable), les 27 autres constituants du Swiss Leader Index se paraient de rouge. Les banques Barclays et Julius Baer ont relevé leur objectif de cours du titre du sous-traitant pharma bâlois, Goldman Sachs l’abaissant en revanche.
Autre valeur clef de la cote, le bon Roche (-0,1%) échouait de peu sous la barre des gains. La nominative Nestlé (-0,5%) se montrait en revanche moins vaillante.
En queue de classement, Julius Baer (-11,3%) héritait de la lanterne rouge. Le gestionnaire de fortune zurichois a repris du poil de la bête l’année dernière, après avoir été pénalisé par l’affaire Signa en 2023. Mais face à des coûts en hausse, le nouveau patron veut serrer encore davantage la ceinture. Sandoz Group (-4,1%) était aussi en grande souffrance, tout comme Kuehne+Nagel (-3,9%), Logitech (-3,7%), Sonova (-32%) et Sika (-3%).
Le chimiste zougois de la construction a fait part de l’acquisition pour un montant non dévoilé Elmich Pte, un fournisseur de toitures et de surfaces végétalisées pour les espaces urbains, basé à Singapour. Le géant zurichois de l’électrotechnique ABB (-2,9%) peinait aussi après avoir achevé le programme de rachat d’actions lancé en avril 2024.
Sur le marché élargi, le fabricant de composants électroniques Cicor (-1,2%) a annoncé que son actionnaire américain One Equity Partners (OEP) détenait 41,16% de ses actions.
La Banque cantonale de Lucerne (LUKB) (+0,3%) a dégagé l’an dernier un bénéfice net de 286,6 millions de francs, inédit dans ses 174 ans d’existence et à la faveur d’un bond de 8,0% sur un an. Celle de Zoug (ZGKB) (-0,9%) a légèrement augmenté son résultat d’exploitation de 0,9% à 142,1 millions de francs en 2024, alors que le bénéfice net a diminué de 2% à 122,4 millions. (AWP)