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Malgré un premier test réussi, la BNS retient son franc numérique

La Banque nationale qualifie de «succès» son étude de faisabilité d’un «BNS coin». Elle ne prévoit cependant pas encore de le mettre en production.

La BNS a achevé «avec succès» le projet «Helvetia», une première expérimentation en matière de monnaie numérique.
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La BNS a achevé «avec succès» le projet «Helvetia», une première expérimentation en matière de monnaie numérique.
04 décembre 2020, 7h05
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Le franc numérique n’est pas pour tout de suite, mais la Banque nationale suisse (BNS) continue d’y travailler. C’est le message qui est ressorti de la présentation de l’institut d’émission jeudi matin. Elle a communiqué les premiers résultats de son «étude de faisabilité d’une monnaie numérique de banque centrale de gros». Une expérimentation en collaboration avec l’opérateur boursier SIX et la Banque des règlements internationaux (BRI) qui «a été couronnée de succès», ont annoncé les trois entités.

Pas destiné aux privés

Baptisée «Projet Helvetia», le test portait sur l’émission d’un franc numérique limité aux échanges entre établissements bancaires, et non aux ménages privés. Le but étant de permettre le règlement d’actifs «tokenisés» entre acteurs du secteur financier.  


L’étude visait aussi l’émission d’un franc numérique sur un système de paiement connecté à un registre distribué (DLT). Cette technologie repose sur des principes similaires à la blockchain, notamment en matière de décentralisation. Ce «BNS coin» pourrait par exemple être déployé sur la plateforme en développement SIX Digital Exchange, la bourse d’actifs numérique qui repose justement sur le DLT. 

«Des travaux plus poussés sont nécessaires», a indiqué la numéro trois de l'institut d'émission.
Keystone
«Des travaux plus poussés sont nécessaires», a indiqué la numéro trois de l'institut d'émission.

«Le test a démontré qu'il était possible de mettre à disposition la monnaie de la banque centrale pour le traitement des transactions financières», a affirmé à la presse Andrea Maechler.

«Il reste encore beaucoup à faire»

Andrea Maechler

La numéro trois de la direction de la BNS a toutefois freiné les attentes d'une introduction rapide: «Ce n'est pas parce qu'une banque centrale peut faire quelque chose qu'elle doit le faire, a-t-elle déclaré. Le projet Helvetia est un premier pas vers la compréhension de l'impact de la monnaie numérique de la banque centrale sur le système financier. Mais il reste encore beaucoup à faire, notamment à mieux comprendre les questions politiques complexes et les applications pratiques des monnaies numériques de banques centrales.» 


Elle a aussi averti que ces résultats «ne sauraient indiquer une intention de la BNS d'émettre une monnaie numérique sur la plateforme SIX Digital Exchange (SDX), pour le négoce d’actifs numériques.» 


«Quelles que soient les technologies adoptées par les marchés financiers à l'avenir, la sécurité et la fiabilité de l'infrastructure financière suisse doivent être conservées. S'il devait s'avérer que la DLT peut améliorer sensiblement la négociation des titres et le règlement des opérations correspondantes, la BNS sera préparée», a indiqué Andréa Maechler. 


Pour la suite, la membre du directoire de l'institut d'émission a estimé que des «travaux plus poussés sont nécessaires. Les prochaines étapes devront permettre de mieux comprendre les implications pratiques et réglementaires d'une monnaie numérique de banque centrale. Il conviendra d'étudier d'autres options permettant d'en équilibrer les risques et les avantages.»


L'émoi créé par le projet de monnaie virtuelle de Facebook présenté à l'été 2019 s’est estompé, mais les banques centrales n'en poursuivent pas moins l'évaluation de la pertinence de l'émission de leurs propres devises numériques. Ces réflexions ont mené mi-octobre à un premier projet concret: le lancement par l'institut d'émission bahaméen du «sand dollar», première monnaie numérique de banque centrale au monde. Selon les experts, la Chine pourrait lancer officiellement son yuan numérique à l'occasion des Jeux olympiques d'hiver de Pékin en 2022.