Comme décrit il y a un mois dans ces mêmes colonnes, nous sommes entrés depuis novembre dans la meilleure période de l’année pour les actions. Ce phénomène est régulier, il se produit 4 fois sur 5, ce qui a pour effet de donner lieu à une statistique plutôt ahurissante. Jugez plutôt. Depuis plusieurs décennies il suffit d’être investi du 15 novembre au 14 février pour surpasser le rendement obtenu en détenant les actions toute l’année.
Les raisons qui conduisent à cette anomalie ne doivent rien au hasard. Ceux qui ont été sceptiques jusqu’au mois d’octobre se retrouvent systématiquement sous investis à deux mois de la nouvelle année et essaient de se rattraper. Dame, il s’agit de rendre des comptes au 31 décembre, particulièrement quand vous avez de la clientèle et les fonds de placement ne font pas exception.
Après le Nouvel An, il s’agit de ne pas louper le départ car la performance annuelle est invariablement calculée depuis le 1er janvier, rien a changé de ce côté-là. Il y a d’autres raisons liées à la fiscalité propre à chaque pays, aux décisions gouvernementales qui promettent de la relance, moins d’impôt et plus de croissance. Bref, ce n’est pas la période des mauvaises nouvelles et des pilules amères.
Les objectifs haussiers ont été articulés il y a un mois (L’Agefi du 20 novembre 2020).
Concrètement, au moins 3800 sur le S&P 500 et 400 sur le DJ Europe 600, avec une extension possible. Car lorsqu’on parle d’objectifs techniques, il s’agit d’un minimum et pas d’une cible qui marque forcément la fin d’une tendance. Statistiquement, le Christmas Rally peut s’étirer jusqu’en février. Généralement, à la Saint-Valentin il a vécu.
Au-delà de ces considérations saisonnières, les «spécialistes» attribuent actuellement cette vigueur boursière à la venue des premiers vaccins anti-Covid. Il est d’usage d’avancer que la Bourse précède l’économie de 6 mois. Cette belle envolée signifie donc que l’économie sera à nouveau sur les rails au début du troisième trimestre, ce qui semble plutôt logique. Oui mais...
La France et la «dette virus»
C’est précisément pendant ce redémarrage que les dures réalités vont refaire surface. Le niveau insoutenable de la dette pour des pays comme la France, l’Espagne et l’Italie va nécessiter un «parcage» de cette «dette virus» qui promet de belles empoignades avec les pays du Nord beaucoup mieux gérés.
La France est le pays qui aura recouru le plus à la «monnaie hélicoptère» (trois fois plus que l’Allemagne !) et sera celui dont l’économie aura le plus de mal à redémarrer. Au pays de la désorganisation, de la défiance vis-à-vis de l’Etat et des glandeurs pour la moitié de ce peuple, la crise sanitaire aura démontré de manière aigüe ce que nous savons tous depuis longtemps: la France n’est plus le 2e pilier de l’Europe, mais son boulet. Le pays des assistés traverse une crise profonde qui représente une grenade dégoupillée.

Les trois prévisions
En cette fin d’année, j’entends les analystes de tous poils nous livrer trois prévisions qu’ils érigent en certitudes. Premièrement, les taux d’intérêts sont bas et ne sont pas près de remonter.
Deuxièmement, l’inflation est très basse et le problème est de l’empêcher de devenir négative, car sa reprise est utopique.
Troisièmement, la dette n’est pas un problème car les Etats peuvent emprunter gratuitement ou presque au guichet de la BCE.
Tout d’abord, je me méfie toujours de ce qui est soi-disant gravé dans le marbre. Ensuite, avez-vous imaginé une seconde si une de ces 3 «certitudes» ne se réalise pas? Déjà que chroniquement ces pseudo cadors ne voient rien venir, il est permis d’avoir quelques doutes.
Les taux d’intérêts vont sonner la charge
Ce sont les taux d’intérêts qui vont sans doute sonner la charge. Aux Etats-Unis en premier avec des Treasury Notes à 10 ans qui vont probablement revenir à 1,5% en milieu d’année après avoir touché 0,5% en mars dernier.
Pas la fin du monde me direz-vous, mais un signal qu’une certaine normalisation peut, petit à petit, se réinstaller.
L’Europe n’en est pas là, mais voir des taux américains remonter sans que l’Europe n’emboîte finalement le pas, ça serait une première.
Les trillions injectés auront un impact tôt ou tard sur l’inflation.
Nous allons ramasser les morts au bord de la route l’année prochaine, mais les survivants aux reins solides vont se réapproprier leur business et devenir encore plus gros et plus forts. Classique.
Quant à la dette, c’est également le marché qui décidera. Lorsque les prêteurs commenceront à perdre confiance dans leurs placements supposés sûrs, Banque Centrale Européenne ou pas, l’environnement deviendra très risqué.
Le bitcoin ou l’apologie de la loterie
J’espérais trouver ce matin quelques idées pour conclure cet article, mais Bloomberg a apparemment décidé de consacrer sa matinée au bitcoin proche de son record historique.
Ce n’est plus du journalisme, c’est l’apologie de la loterie. C’est sans rougir qu’ils passent en boucle l’interview d’un mec qui estime la Fair Value de cette monnaie factice à 400.000 dollars. Sans doute le même gars qui voyait l’or à 4000 dollars.