L'année dernière, notre thème était la perturbation. Je pense que personne n'a anticipé ce que le monde a vécu au cours des 15 derniers mois. Jusqu'à présent, il semble que nous nous soyons adaptés, en particulier dans l’industrie des matières première où nos échanges commerciaux ont continué à fonctionner avec peu de problèmes en termes d'approvisionnement ou de logistique. Il est surprenant qu'en dépit des divers confinements, la demande résiste dans certains secteurs de nos économies.
Il y a peut-être eu deux perturbations majeures dans notre industrie et elles n'étaient que très peu liées au COVID. Je voudrais mentionner les nouvelles barrières commerciales que certains pays ont mises en place pour protéger leurs économies affaiblies, avec le plus souvent un effet néfaste sur leurs consommateurs. Ensuite, il y a les pertes importantes subies par le secteur financier en Asie. Les grandes maisons de négoce semblent résister à cette tempête, mais les petits acteurs du marché n'ont pas toujours été à l'abri. Il est ironique que, même si les régulateurs craignent les institutions "trop grandes pour couler", leurs actions conduisent souvent à une consolidation supplémentaire, créant précisément ce risque. Je doute que des pertes d'une telle ampleur puissent se produire au sein de la plaque-tournante du négoce suisse. Nous avons le privilège d'être dans un microcosme rempli de maisons de négoce et de compagnies maritimes bien établies, d’auditeurs expérimentés, de banquiers et d’assureurs chevronnés, de consultants spécialisés et bien informés et, bien sûr, de sociétés d’inspection ; les informations circulent librement et les problèmes sont généralement rapidement anticipés et atténués.
Le changement climatique et les préoccupations environnementales figurent clairement sur nos agendas. Le monde doit baisser ses émissions de CO2 et le consommateur d'aujourd'hui semble exercer une pression croissante sur les institutions financières et sur ce qu'elles financent. Ce sont des préoccupations bien fondées qui vont accélérer ce changement. Plusieurs marques ont pris des engagements environnementaux ambitieux et les négociants, acteurs de leurs chaînes d'approvisionnement, les concrétiseront. La durabilité a progressivement fait son chemin dans la définition de la raison d’être et des missions de la plupart des sociétés de négoce, sans parler de l'analyse de crédit de la plupart des banques. Les sociétés de négoce jouent leur rôle pour protéger la planète, mais la campagne pour l'initiative des entreprises responsables nous a rappelé que nos actions ne sont pas encore reconnues, notre industrie doit multiplier les efforts de communication.
Parmi les adaptations apportées par le COVID-19 figure le travail à domicile. Il a été rendu possible par la technologie actuelle, même il y a dix ans, cela aurait pu s'avérer difficile. La situation a également permis de faire avancer le rêve du "bureau sans papier". La pandémie aura un impact durable sur notre façon de travailler. Il existe de nombreuses initiatives liées à la technologie auxquelles notre industrie participe et qui visent à rationaliser les flux commerciaux, telles que la Blockchain et les cryptomonnaies. Nous espérons pouvoir éclaircir ces évolutions dans cette édition. Je profite également de l’occasion pour féliciter notre équipe dédiée aux formations, nos enseignants et nos étudiants qui ont su compléter nos cours en ligne. J'ai toujours voulu une offre de formation en ligne pour que les entreprises basées à l’étranger puissent bénéficier de l'excellence suisse en matière d'éducation; le COVID nous l'a imposé. J'espère que nous pourrons continuer à proposer cette sélection en ligne lorsque les choses reviendront à la normale.
