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Financer le café vert, un long chemin

Comment financer efficacement le café non torréfié, compte tenu de ses particularités logistiques et la volatilité de ses prix?

Financer le café vert, un long chemin
KEYSTONE
Michael Jackisch
BIC-BRED (Suisse) - Responsable du financement des matières agricoles
04 avril 2024, 22h00
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Le café est l’une des principales matières premières tropicales négociées en Suisse. Pour autant, toutes les banques finançant le négoce de matières premières ne sont pas actives sur ce marché en raison des spécificités de ce produit et de sa logistique.

Tout d’abord, les négociants utilisent les contrats à terme (futures) des Bourses de New York et de Londres pour réduire leur exposition au risque de prix ou pour vendre respectivement du café vert (non torréfié) de type Arabica ou Robusta. Les banques doivent maîtriser les mécanismes liés à ces couvertures du risque de prix afin de financer les appels de marge tout au long des transactions.

Il est aussi nécessaire d’avoir une bonne compréhension des raisons des fluctuations de prix, car ceux du café présentent une volatilité élevée, et les négociants comptent sur l’engagement de leur banque de financement, même en cas de turbulences sur les marchés.

Par ailleurs, le café vert est principalement vendu en sacs de 60 kg transportés en conteneurs et non par vraquier. La valeur de chaque cargaison et donc le notionnel de chaque financement varie entre 100.000 et 500.000 USD tandis que la valeur d’une cargaison de céréales ou de sucre s’élève entre 2 et 20 millions USD. Financer le négoce café est donc plus chronophage que le financement d’autres produits pour une ligne de crédit de montant identique.

En outre, le café vert est acheté par les négociants dans les pays producteurs où il fait l’objet d’un usinage (traitement humide ou à sec, séchage, tri, mélange, ensachage…). Notre financement peut démarrer avant l’export, à l’usine, ou plus tard, par exemple lors du transit routier vers le port de chargement.

Le café est d’ailleurs souvent stocké au port de chargement jusqu’à ce qu’il soit expédié à destination. Il est ensuite directement livré à un acheteur (généralement un torréfacteur ou un distributeur local) ou stocké avant la vente finale. La banque doit surveiller chaque phase d’entreposage au port ou ailleurs, chaque chargement par camion puis chaque expédition qu’elle finance jusqu’à ce qu’une vente soit réalisée et l’encours remboursé.

Les banques de financement doivent donc pourvoir leurs équipes de front, middle et back-office de manière adéquate non seulement afin de contrôler leurs risques, mais aussi pour être en mesure d’accorder sans délai à leurs clients les financements et services associés sollicités (émission de lettres de crédit, recouvrements bancaires import/export).

La base de clients potentiels comprend des multinationales, aussi bien que des négociants de taille moyenne, voire même des acteurs de niche. Ils ont besoin de notre support depuis l’origination du café jusqu’à l’arrivée des grains chez les torréfacteurs. Les banques doivent adapter leur offre aux besoins de chaque client ainsi qu’à son profil de crédit. Ce faisant, BIC-BRED (Suisse) SA pour sa part, s’efforce d’adhérer aux meilleures pratiques recommandées par et pour les banques spécialisées dans le financement des matières premières en Suisse, telles que publiées sur le site Suissenégoce en novembre 2021.