L’année 2022 est marquée par le retour des taux positifs et par l’inversion de la courbe des rendements américains. Ces derniers oscillent à des niveaux plus vus depuis des années, passant de 1,51% à 3,80% pour le dix ans et de 0,73% à 4,52% pour le deux ans, avec des pics à 4,23% et 4,52% respectivement.
L’inversion des rendements des bons du Trésor américain, signal de récession, a atteint des proportions historiques, avec la semaine dernière un rendement à deux ans supérieur de 72 points de base à celui du rendement à dix ans, soit l’écart le plus marqué en quatre décennies.
Plus inquiétant encore, le rendement à dix ans s’est maintenu en dessous de celui du bon de trois mois au cours des deux dernières semaines, un phénomène qui a précédé chacune des huit dernières récessions remontant à 1979. Cette inversion des courbes de rendements indique que la Fed se montre trop agressive dans son resserrement monétaire. Agressivité qui s’est matérialisée dans les discours de différents membres de la Réserve fédérale américaine la semaine dernière. James Bullard, président de la Fed de Saint-Louis, a notamment déclaré que les taux devraient augmenter dans une fourchette de 5 à 7% pour freiner l’inflation tout en signalant le risque de nouvelles tensions financières. Ses paroles ont effacé tout espoir d’un pivot soudain de la Banque centrale américaine et ont incité les marchés à revoir leurs anticipations de taux à la hausse, tablant désormais sur des taux finaux entre 5% et 5,25%, contre 4,75% précédemment.
A en croire l’historique de la courbe des rendements, tout laisse à penser que la première économie mondiale est au bord de la récession. Il s’agit maintenant pour la Fed de gérer au mieux pour faire en sorte que celle-ci soit de courte durée.