Le groupe bancaire espagnol BBVA, en partenariat avec le constructeur d’indices allemand Solactive, a annoncé lundi le lancement des indices durables Solactive BBVA Climate Action PAB Europe Index et Solactive BBVA Climate Action CTB Europe Index. Ces indices dérivent de deux benchmarks créées par la Commission européenne (CE) via son Groupe d’experts de la finance durable.
Ce groupe d’experts avait en effet publié en juin 2019 des recommandations sur la divulgation des paramètres de durabilité utilisés pour la construction d’indices ESG. Ce premier pas vers une standardisation et une plus grande transparence des méthodologies en Europe vise à s’assurer que les considérations et les réflexions d’ordre durable intégrées dans les produits soient explicitement et clairement reflétées dans les méthodologies de construction utilisées par les participants de marché.
En l’occurrence, les deux benchmarks sont l’EU Climate Transition Benchmark (EU CTB) et l’EU Paris-Aligned Benchmark (EU PAB). Un indice EU CTB sélectionne et pondère les titres de façon à placer le portefeuille sur une trajectoire décarbonisante et s’adresse aux investisseurs souhaitant accompagner la transition climatique. L’autre sélectionne ses membres de façon à refléter les objectifs à long terme des Accords de Paris et s’adresse principalement aux investisseurs désireux de se positionner à l’avant-garde de la durabilité.
Les critères de constructions des indices PAB sont ainsi plus contraignants, visant un rythme de réduction de l’intensité carbone des entreprises sélectionnées de 50% par rapport à l’indice parent, contre 30% pour les indices CTB. Soulignons que l’indice parent en question comprend un univers d’entreprises dont les activités sont structurées de façon à produire un processus de réduction de leurs intensités carbones de 7% par année, essentiellement via la réduction de gaz à effet de serre. Cet indice général reflète un scénario de base où l’élévation des températures ne dépasse pas 1,5 degré par rapport aux niveaux pré-industriels.

Ce point est capital. Car l’erreur de suivi des indices CTB et PAB dépendra presque exclusivement de leur indice parent, que les deux indices en question ne peuvent pas contrôler. En effet, tant que l’indice parent réalise sa trajectoire de décarbonisation au rythme de 7% par an, les réductions des intensités carbones des indices CTB et PAB resteront fixes à 30 et 50%, respectivement. Mais si les entreprises de l’indice parent ne parviennent pas à atteindre ce taux de 7%, le taux de décarbonisation des CTB et PAB devra alors augmenter pour maintenir et respecter, dans l’absolu, leurs objectifs de réductions des intensités carbones.
Par conséquent, l’un des risques principaux réside dans une hausse éventuelle de l’active share des indices CTB et PAB. L’active share est la part de l’indice qui ne reflète pas la composition de l’indice parent, suite à une modification de la pondération ou du nombre de titres sélectionnés. En effet, si cette modification prend la forme d’un renforcement des surpondérations déjà en place sur quelques titres, l’indice peut afficher un plus grand risque de concentration ou de liquidité. La gestion de ce risque sera un nouveau paradigme pour les investisseurs demandeurs de produits ESG.
Enfin, en lançant ses nouveaux indices, BBVA étoffe un marché des ETF ESG dont les actifs sous gestion ont augmenté de 223% l’an dernier à 189 milliards de dollars, d’après les données TrackInsight. Signe que les investisseurs n’ont clairement pas attendu la standardisation des approches de construction d’indices durables pour s’exposer à cette classe d’actifs.