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Capital-risque et capital de croissance: percée européenne

La valeur totale de l’écosystème européen dépasse désormais les 3000 milliards de dollars.

Ross Morrison
Adams Street Partners - Partner, Primary Investments
10 mars 2022, 20h56
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Historiquement parlant, quand on demandait aux investisseurs européens où ils s’imaginaient trouver les entreprises à forte croissance les plus prometteuses ou les meilleures opportunités d’investissement en capital-risque, rares étaient ceux qui auraient pensé local. La situation est radicalement différente aujourd’hui.

On compte actuellement plus de 320 «licornes» fondées en Europe, dont les désormais célèbres Spotify et Adyen. Elles n’étaient que 22 en 2010. La croissance est d’autant plus remarquable que, si 18 entreprises ont pu passer la barre du milliard de dollars de valorisation en 2020, leur nombre a augmenté de 44% en 2021. La valeur totale de l’écosystème européen du capital-risque et du capital de croissance dépasse désormais les 3000 milliards de dollars. Là encore, la croissance a été exponentielle: il aura fallu des décennies pour atteindre, en décembre 2018, une valeur globale de 1000 milliards mais seulement trois ans pour les 2000 milliards supplémentaires.

2021, une année record

Le rythme de développement de certaines entreprises européennes financées par capital-risque est tout aussi impressionnant. Le fournisseur de solutions de visioconférence Hopin a atteint une valorisation de 2,1 milliards de dollars en 2020, à peine 17 mois après le lancement de la société, et des financements supplémentaires ont fait grimper cette valorisation à 7,8 milliards en 2021. L’on compte, par ailleurs, 26 entreprises de croissance dont la valorisation dépasse les 10 milliards de dollars – dites décacornes. Un chiffre qui a doublé par rapport à fin 2020.

Ces valorisations doivent, bien entendu, se matérialiser sous la forme de sorties. Là encore, 2021 a été une année record avec une valeur totale de sorties réalisées qui dépasse les 275 milliards de dollars. Les opérations de fusion et acquisition ont compté pour 100 milliards du total, les entrées en bourse et les cotations directes pour plus de 110 milliards et les Spac pour 62 milliards. Le volume-même de ces sorties a fourni aux apporteurs de capital de nombreuses solutions pour liquider leurs investissements.

Un écosystème radicalement différent

Mais l’écosystème européen offre également de nombreuses possibilités en termes de participation à des tours de financement et de recherche de nouveaux investissements. Plus de 100 milliards de dollars en capital-risque et en capital de croissance ont été investis l’année dernière dans le secteur de la tech, plus du double par rapport aux 48 milliards de 2020. Un chiffre qui était déjà dix fois supérieur à celui de 2010.

Le secteur du financement de croissance était considéré comme celui dans lequel l’Europe avait accumulé le plus de retard. Or c’est précisément dans ce secteur que l’Europe a enregistré les plus forts taux de croissance sur les dernières années. Celle-ci compte désormais pour 33% de l’ensemble des capitaux investis à l’échelle globale dans des tours de financement allant jusqu’à 5 millions de dollars, contre 35% pour les Etats-Unis.

L’appétit des investisseurs est indéniable

La principale différence entre l’écosystème actuel et celui d’il y a 20 ans réside dans l’approfondissement et l’élargissement du marché. De nombreuses sociétés internationales de capital-risque sont désormais engagées, même lourdement, en Europe. 

L’appétit des investisseurs américains et asiatiques pour cet univers européen du capital-risque et du capital de croissance est, par ailleurs, indéniable. Dans le cas de certaines grandes entreprises à forte croissance, il n’est d’ailleurs pas rare de voir des noms internationaux figurer en tête des listes de capitalisation.