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Bourse suisse dans le rouge, les bancaires tanguent

Le SMI a terminé en recul de 0,79% à 10.634,04 points, plus bas à 10.561,63 points et plus haut à 10.669,04 points. Le SLI a cédé 1,25% à 1680,34 points et le SPI 0,93% à 13.938,74 points.

Sur les 30 valeurs vedettes, Novartis (+0,7%), Zurich Insurance (+0,6%) et Roche (+0,02%) sont les seuls gagnants du jour. Le troisième poids lourd, Nestlé, a fini inchangé.
Sur les 30 valeurs vedettes, Novartis (+0,7%), Zurich Insurance (+0,6%) et Roche (+0,02%) sont les seuls gagnants du jour. Le troisième poids lourd, Nestlé, a fini inchangé.
24 mars 2023, 18h02
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La Bourse suisse a terminé sur une note négative vendredi. Les investisseurs étaient encore en train de digérer les récentes décisions de diverses banques centrales, dont la Réserve fédérale américaine (Fed), la Banque nationale suisse (BNS) et la Banque d'Angleterre (BoE). Le SMI a terminé un peu au-dessus de la barre des 10.600 points. En Suisse, les valeurs bancaires ont fortement reculé, toujours chahutées après le rachat forcé de Credit Suisse par UBS.

A New York, Wall Street cédait du terrain en matinée, inquiète du séisme qui continue de secouer le secteur bancaire occidental, avec désormais Deutsche Bank en ligne de mire (lire ci-dessous). Cet établissement apparaît, aux yeux du marché, comme le nouveau maillon faible du système bancaire, après la faillite de trois établissements américains et le rachat en catastrophe de Credit Suisse.

Ce dernier développement «alimente les inquiétudes relatives à la santé du système bancaire», a expliqué Quincy Krosby de LPL Financial.

«On vend d'abord et on posera les questions plus tard», a expliqué M. Krosby. «Les investisseurs ne veulent pas se réveiller dimanche pour s'apercevoir que la situation de Deutsche Bank s'est détériorée à la manière d'un Credit Suisse.»

Le SMI a terminé en recul de 0,79% à 10.634,04 points, avec un plus bas à 10.561,63 points et un plus haut à 10.669,04 points. Le SLI a cédé 1,25% à 1680,34 points et le SPI 0,93% à 13.938,74 points.

Sur les 30 valeurs vedettes, Novartis (+0,7%), Zurich Insurance (+0,6%) et Roche (+0,02%) sont les seuls gagnants du jour. Le troisième poids lourd, Nestlé, a fini inchangé.

Les bancaires à la peine

La volatile AMS Osram (-8,2%) a fini lanterne rouge, derrière le bon Schindler (-5,8%) et Credit Suisse (-5,2% à 0,7592 franc). UBS (-3,6%) a nettement fléchi aussi, alors que Julius Bär (-1,0%) a relativement limité la casse.

Selon des sources citées par l'agence Bloomberg, les deux grandes banques seraient, avec plusieurs autres banques, dans le collimateur du ministère américain de la Justice (DoJ) pour de supposés contournements des sanctions contre la Russie.

Jefferies a dégradé la banque aux trois clés à «hold» de «buy» et réduit l'objectif de cours. Le mariage forcé avec Credit Suisse modifie fondamentalement l'appréciation de l'action UBS selon l'analyste, qui considère certes que l'opération portera ses fruits sur un horizon de trois ans, mais que les douze prochains mois seront émaillés de risques et d'incertitudes.

Pour sa part, Citigroup a relevé l'objectif de cours d'UBS et confirmé «buy». L'analyste prévient que de nombreuses inconnues limitent encore la visibilité. Il part du principe que la banque fusionnée ne sera pas rentable cette année. A plus long terme néanmoins, le rapprochement devrait s'avérer payant.

Baader Europe a lui réduit la recommandation à «add» de «buy» pour la banque aux trois clés. L'analyste parle d'une «grande chance» dans la reprise et l'intégration de Credit Suisse, mais pas sans risques.

Pour la banque aux deux voiles, Jefferies a réduit l'objectif de cours à 0,89, de 2,60 francs précédemment, et confirmé «hold». La banque d'investissement s'aligne ainsi plus ou moins sur l'offre contrainte d'échanges d'actions UBS pour le rachat de son malheureux concurrent.

Dans le sillage de son assemblée générale de la veille, ABB (-3,2%) a annoncé après la clôture boursière un nouveau programme de rachat d'actions pour un volume d'un milliard de dollars.

La Banque cantonale de Zurich a relevé la recommandation pour Straumann (-2,7%) à «surpondérer» de «pondérer». L'analyste anticipe une persistance d'un contexte favorable pour l'équipementier de l'industrie chirurgico-dentaire.

Sur le marché élargi, Comet (-0,4%) a annoncé la candidature de deux nouveaux administrateurs à l'occasion de sa prochaine assemblée générale, ainsi que l'élargissement de son comité exécutif.

Compagnie Financière Tradition (CFT, +2,3%) a vu son bénéfice net progresser de 40,3% en 2022. Le conseil d'administration propose un dividende augmenté de 50 centimes à 5,50 francs par action et 1 nominative pour 100 actions détenues.

Edisun Power (+1,2%) a doublement profité l'an dernier de l'envol des prix du courant et d'un gain de change sur un prêt en euros accordé par son partenaire schwytzois Smartenergy l'an dernier. Les actionnaires pourront compter sur une rémunération relevée de 50 centimes à 1,60 franc.

Schaffner (+0,8%) a lancé un avertissement positif sur ses résultats 2022/23 qui seront publiés le 4 mai. (AWP)

Deutsche Bank: les CDS, un outil financier au coeur des turbulences

Les banques replongent en Bourse vendredi après une accalmie, l'incendie venant cette fois de l'allemande Deutsche Bank qui a reculé de 8,53% à 8,54 euros, qui voit grimper la valeur de ses CDS, permettant aux créanciers de s'assurer contre un risque de défaut.

Cela ravive les inquiétudes sur la résilience des banques, même si le prix des CDS, également très prisés des spéculateurs, ne reflète pas forcément la solidité de la banque.

Qu'est-ce qu'un CDS?

Les CDS - pour «Credit Default Swaps» - font partie de la famille des produits dérivés financiers.

«C'est comme un contrat d'assurance, souscrit par les investisseurs pour se protéger contre le défaut de paiement d'un Etat ou d'une entreprise», résumait il y a quelques mois Eric Dor, directeur des Etudes économiques à l'école de commerce IESEG.

L'acheteur de CDS verse généralement chaque année une prime («spread») à l'émetteur de ce CDS. En échange, ce dernier l'indemnisera en cas de défaut de paiement sur le titre de dette correspondant.

Par exemple, une prime de 1% dans un CDS d'un million de dollars correspond au paiement annuel de 10.000 dollars et offre une garantie à hauteur d'un million de dollars en cas de défaut.

Les CDS s'échangent entre institutions financières, de «gré à gré» et leur valeur varie en fonction de l'offre et de la demande.

Il est toujours possible d'acheter un CDS sans détenir au préalable l'obligation correspondante (CDS dits «à nu»). Et ce même si l'UE a tenté dès 2011, en pleine crise de la dette de la zone euro, de mieux réguler ce marché jugé opaque, en interdisant partiellement cette pratique qu'elle estimait spéculative.

Pourquoi en parle-t-on aujourd'hui?

La dégringolade de l'action de Deutsche Bank en Bourse vendredi, qui entraine dans son sillage les autres valeurs bancaires, est la conséquence d'une envolée du prix de ses CDS: il a plus que doublé depuis la faillite aux Etats-Unis de la Silicon Valley Bank il y a quinze jours, et même augmenté d'environ 33% sur les dernières 48 heures.

Lors d'une conférence de presse à Bruxelles vendredi, le président français Emmanuel Macron a pointé la responsabilité «des spéculateurs qui sont en train d'attaquer les CDS».

«Là-dessus, il faut savoir distinguer les comportements spéculatifs, des acteurs qui cherchent à faire de l'argent de court terme, et les fondamentaux qui demeurent sains sous une supervision solide qui a, ces dernières années, démontré sa robustesse», a-t-il ajouté.

Est-ce le prélude à une faillite?

Le cours des CDS reflète le degré de confiance du marché par rapport à Deutsche Bank. Mais Stuart Graham, analyste chez Autonomous, qui n'a «aucune inquiétude quant à la viabilité» de la première banque allemande, qui dispose notamment d'un matelas solide de liquidités.

«Pour être clair, Deutsche Bank n'est PAS le prochain Credit Suisse», conclut-il. Credit Suisse, confronté à des retraits massifs et un effondrement de son cours de Bourse, a ainsi été contraint de se faire racheter par UBS le week-end dernier.

Le principal risque pour la banque allemande est que la crise de confiance s'amplifie et provoque une fuite des clients qui, elle, mettrait en difficulté l'établissement.

«La Deutsche Bank a fondamentalement modernisé son modèle économique. Il n'y a pas lieu de s'inquiéter de quoi que ce soit», a de son côté affirmé à Bruxelles le chancelier allemand Olaf Scholz. (AWP)