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«Investir dans les énergies renouvelables peut être très hasardeux»

Il n'est pas rare de voir des prix négatifs pour l'électricité lorsqu'il y a beaucoup de soleil et de vent. Pour investir, il faut comprendre les risques, souligne Marco Dunand, PDG du Groupe Mercuria. Entretien

Tout le monde doit faire des efforts pour réduire les émissions, et la population peut bénéficier de financements gouvernementaux, tant en Europe qu'aux États-Unis.
Mercuria
Tout le monde doit faire des efforts pour réduire les émissions, et la population peut bénéficier de financements gouvernementaux, tant en Europe qu'aux États-Unis.
16 mars 2022, 6h46
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Propos recueillis par STSA.

Selon vous, quel rôle Mercuria joue dans la transition énergétique? 

Chaque entreprise a sa propre stratégie. En ce qui nous concerne, nous avons une obligation morale de nous impliquer fortement dans cette transition - beaucoup de ces investissements peuvent être risqués. Nous traitons 130 milliards de dollars de matières premières chaque année et beaucoup de nos clients et partenaires sont de gros émetteurs de carbone. Il n'est pas rare de voir des prix négatifs pour l'électricité lorsqu'il y a beaucoup de soleil et de vent. Investir dans le secteur des énergies renouvelables sans en comprendre les risques, peut être très hasardeux. Nous avons une bonne expérience dans ce domaine et nous pourrions avoir un rôle à jouer pour aider les gens à investir dans ce secteur.

Si vous regardez l'industrie des transports, elle est à la recherche d’énergies durables, qu'il s'agisse d'électricité, de gaz renouvelable ou naturel ou de biocarburants. Sur le marché américain, en joint-venture avec Chevron, nous avons le deuxième plus grand portefeuille de systèmes de distribution de gaz naturel renouvelable, et nous avons investis dans les véhicules électriques et les stations de recharge. Nous nous sommes diversifiés dans des entreprises de gestion des déchets, et là encore, il est important de comprendre les coûts comparatifs pour produire cela. Tout le monde doit faire des efforts pour réduire les émissions, et la population peut bénéficier de financements gouvernementaux, tant en Europe qu'aux États-Unis.

À votre avis, quels seront les carburants de l'avenir (gaz renouvelable, biodiesel, hydrogène vert) ?

Je pense qu’ils joueront tous un rôle important, mais il faut savoir qu'il est impossible de s’atteler à la transition énergétique sans la participation de l'industrie. Certaines personnes voient l'avenir dans l'hydrogène bleu ou vert, mais il faut attendre quelques années avant que ce soit utilisé dans le transport maritime. Ces développements sont assez compliqués, il va falloir construire des infrastructures pour soutenir cette transition, mais il est évident que le solaire, l'éolien et les autres énergies renouvelables auront un grand rôle à jouer. On utilise le gaz naturel comme transition, mais l'utilisation du charbon est encore assez élevée, et je pense qu'il n'y a pas de solution miracle. Chaque maillon de la chaîne industrielle devra calculer ses émissions et voir comment résoudre les problèmes en fonction du prix éventuel du carbone.

Avez-vous un prix du carbone que vous appliquez à vos investissements ?

Oui, nous en avons un, nous nous sommes demandés : "Faut-il encore investir dans l'industrie pétrolière ?" La réponse est oui. Le pétrole sera encore présent longtemps. Pour devenir plus durable, vous devez dissocier d’une part le calcul des émissions carbone et d'autre part, le type de brut utilisé pour constater que tous les bruts n’ont pas le même impact. Au Royaume-Uni vous payez une taxe sur le carbone qui est déjà comprise dans vos coûts d'investissement. En raison de notre engagement à réaliser 50 % de nos investissements dans la transition énergétique plutôt que dans l’hydrocarbone, nous ne faisons pas d’investissements importants dans le secteur pétrolier à moins de réaliser les mêmes investissements dans le secteur des énergies renouvelables.

Interview de Marco Dunand, PDG du Groupe Mercuria
Interview de Marco Dunand, PDG du Groupe Mercuria