Il n'est pas exagéré d’affirmer qu'au cours des trois dernières années, le monde a considérablement changé. L'étendue des problèmes auxquels nous avons été confrontés a été vaste. De la pandémie de Covid-19 et la perturbation des chaînes d'approvisionnement causée par les confinements en Chine, jusqu'à l'accident maritime du canal de Suez, nous avons pris conscience de la fragilité de nos circuits. Sans oublier la guerre en Ukraine et les sanctions imposées à la Russie, chaque solution aux différentes crises a poussé les négociants à se réinventer sans cesse, par exemple en modifiant leurs circuits d'approvisionnement pour continuer à fournir leurs clients et les populations bénéficiaires.
Cependant, dans ce processus de réinvention perpétuelle le rôle du négociant est toujours resté le même: son rôle est en premier lieu celui d'un logisticien. Il recherche des matières premières dans des pays dotés de systèmes politiques et de réglementations variés, puis les achemine là où elles sont demandées et consommées.
Cependant, dans ce processus de réinvention perpétuelle, le rôle sans fard du commerçant est toujours, et nécessairement, resté le même
Ces matières premières proviennent de producteurs d'Afrique, d'Asie ou d'Europe, qui sont rarement en mesure de vendre leurs produits directement au consommateur final. Ils ont donc besoin de négociants, qui sont prêts à prendre la responsabilité des marchandises dans le processus complexe d'achat, de financement, de transport, d’assurance et enfin de la vente à un acheteur.
Engagés dans toutes les étapes de la chaîne d’approvisionnement, les négociants interviennent également comme médiateurs entre les intérêts qui opposent agriculteurs et importateurs. Ils assurent la stabilité des prix en assumant les risques du marché tout au long de la chaîne de valeur, de la production à la consommation.
Mais leur expertise ne se limite pas à un rôle d’intermédiaire: ils doivent aussi être source de solutions. Après la rupture du gazoduc dans la mer du Nord, les négociants ont trouvé de nouvelles solutions en important du gaz naturel liquéfié (GNL), principalement des Etats-Unis et du Qatar, en construisant de nouveaux terminaux en Europe pour accueillir les méthaniers et en assurant ainsi l'approvisionnement énergétique de l'Europe. De même, ils ont œuvré sans relâche à l'ouverture d'un corridor sécurisé dans les eaux internationales de la mer Noire pour maintenir l’exportation de céréales et de grains ukrainiens et russes.
Par opportunisme politique, les gouvernements ont pris des engagements ambitieux en faveur d'une transition vers des approvisionnements en énergie renouvelable, sans tenir compte de l'impact environnemental réel de l'extraction et du traitement des métaux. Il en résulte une instabilité des prix qui s'ajoute à la poussée inflationniste que nous connaissons aujourd’hui.
Une fois de plus, les négociants interviennent comme pionniers dans la transition énergétique qu’elle soit de source solaire, éolienne ou aquatique. Ils forment de petits producteurs d'Afrique, d'Asie et d'Amérique du Sud sur le conditionnement des sols, tout en poursuivant simultanément leurs efforts pour améliorer les pratiques agricoles et lutter contre le travail des enfants en collaboration avec des ONG.
Dans ce magazine, vous apprendrez de différents auteurs, d’horizons variés, qu'au cours des trois dernières années, comme toujours, les négociants en matières premières ont été au cœur du changement. Les négociants sont certainement une des constantes que l'on retrouve dans les solutions apportées à des crises apparemment sans fin. Le monde de demain ne sera pas le même que celui d'aujourd'hui. Nous aurons toujours besoin de leurs connaissances, de leur expérience et de leur pratique pour approvisionner le monde en répondant au trilemme: comment approvisionner de manière plus sûre, plus abordable et plus durable?
