Le marché de l’assurance Crédit et Risque Politique (CPRI) avait déjà été perturbé par la crise du Covid en 2020, et a continué de l’être suite à l’invasion russe de l’Ukraine. Cependant, malgré un environnement de risques de plus en plus inquiétant, la capacité théorique du marché a continué de croître en 2022 pour atteindre une capacité totale de 11,9 milliards de dollars.
L'appétit des assureurs s’est sans surprise modifié, mais les souscripteurs restent déterminés à soutenir leurs clients existants. Ils ont fait preuve d'une flexibilité relative pour soutenir de nouvelles industries, de nouveaux flux d'affaires et ont étudié de nouvelles structures inévitablement liées à l'évolution observée par les négociants et les banques sur leurs marchés respectifs.
L'un des principaux changements concerne la qualité des demandes soumises aux assureurs. En effet, en raison de l'environnement de prix élevés, en particulier dans le secteur de l'énergie, beaucoup d'institutions financières, de sociétés de négoce et d’entreprises de services publics ont eu un besoin accru de distribuer du risque pour rester dans les limites de leur propre appétit de crédit. En conséquence, le marché a vu une augmentation du nombre de demandes pour des contreparties de premier rang dans des pays développés qui ont rarement été vus dans le marché CPRI, tels que EDF ou Axpo.
Un changement important
En termes de taux de primes, les augmentations constatées sont dues à cette forte demande sur des contreparties très solides, mais aussi aux préoccupations concernant les sinistres potentiels liés au conflit en Ukraine ou aux plans d'aide d'urgence Covid auxquels les gouvernements mettent progressivement fin. Cette hausse de la sinistralité est également mise en évidence par le Credit Outlook Survey récemment publié par l'IACPM, dans lequel 91% des banques interrogées estiment que les défauts de paiement augmenteront en Europe en 2023. Cela sera un changement important après une sinistralité relativement faible en 2022 où nous avons vu quelques défauts sur des polices de risque politique (dommage physique / problème d’accès a des infrastructures basées dans des zones de conflits) ou des défauts liés aux sanctions internationales (interdisant le paiement / la réception de fonds par certaines contreparties).
Enfin, un sujet important qui préoccupe les banques, les assureurs et les courtiers est la transposition des normes finales de Bâle III par les législateurs Européens. En effet, l'impact sur les banques utilisant l'approche avancée pourrait être significatif si la pondération liée à l’utilisation de couvertures d’assurance est maintenue à 45%, comme il est actuellement envisagé. Pour les banques utilisant l'approche standardisée, l'impact sera moins important et l'Autorité bancaire européenne est susceptible de clarifier de manière indépendante l'éligibilité de l'assurance en tant que «Credit Risk Mitigant». La décision finale du législateur européen est prévue pour l'été 2023 et nous attendons toujours la position de la Finma sur le sujet.