Son titre officiel est le «Surveillant des prix», mais Stefan Meierhans est plus connu comme «Monsieur Prix». Depuis 2008, ce haut fonctionnaire dirige cet office de la Confédération chargé de garantir des prix justes, notamment dans les domaines où la concurrence ne joue pas, tel que l’eau ou le gaz.
Le variant Omicron a perturbé les chaînes d'approvisionnement, ce qui alimente l'inflation. Quel est l’impact de la flambée récente du prix des matières premières sur le consommateur suisse ?
Bien évidemment, cette flambée agit par ricochet sur le consommateur en Suisse. Avec un certain décalage, les prix augmentent ici aussi. Mais dans la mesure où cet impact est global, cette flambée ne touche pas la compétitivité de notre industrie d’exportation. S’il y a un renchérissement chez nous, il y a évidemment un renchérissement en Nouvelle-Zélande, à l’autre bout du monde.
Avez-vous observé des répercussions plus élevées que l’augmentation du cours des matières premières dans le monde ?
Nous observons le marché et, notamment pour le prix du gaz, nous enquêtons sur plusieurs fronts. Mais il est encore trop tôt pour répondre. Tout ce que je peux dire est que pour le moment le bilan n’est pas négatif. Quand je vérifie les tarifications, je regarde s’il n’y a pas d’exagérations en m’assurant que la hausse des prix corresponde à celle des marchés internationaux. Nous n’avons pas d’autre choix que d’accepter ces variations. Mais il faut aussi savoir que le prix de l’électricité, ou du gaz dans d’autres proportions, dépend partiellement de l’importation, car seul un tiers du prix correspond à l’énergie et les deux autres tiers au réseau.
En Suisse romande, de nombreuses personnes font leurs courses dans les pays voisins, ce qui signifie que le marché est libre et permet donc à chacun de prendre sa décision
Que devons-nous regarder attentivement lorsqu’il y a une flambée du prix des matières premières ?
La question indispensable à se poser est si la concurrence est efficace. En Suisse, pour la plupart des marchés, l’importation et l’exportation sont libres. La concurrence existe au sein de notre pays et en dehors. En Suisse romande, de nombreuses personnes font leurs courses dans les pays voisins, ce qui signifie que le marché est libre et permet donc à chacun de prendre sa décision. Quand la concurrence est faible, la tentation d’augmenter les prix davantage que la hausse est grande, mais lorsqu’elle est importante, il y a une certaine réticence à le faire. Voire même une inclinaison à renoncer à une partie de la marge afin de conserver la part du marché actuelle.
Qu’avez-vous observé comme phénomène propre à la crise sanitaire?
L’évolution des prix des masques et des gels désinfectants fut un cas d’école. Il s’est avéré qu’il est dangereux qu’un État fixe un prix de vente maximal pour un bien qui se trouve en pénurie. Même si le marché n’a pas encore totalement retrouvé son équilibre, les masques se vendent à des prix raisonnables aujourd’hui. Le marché mondial s’est rapidement adapté à cette situation.
Vous semblez optimiste...
Je suis très confiant, car je pense que le «capitalisme» a fait ses preuves
Je suis très confiant, car je pense que le «capitalisme» a fait ses preuves. Ce n’est pas un système parfait mais il présente le moins de défauts. L’adaptation de la loi sur les cartels ainsi que la loi sur la concurrence déloyale concernant le géoblocage sont entrées en vigueur le 1er janvier de cette année. Nous avons fait un pas important dans la bonne direction pour attaquer cet îlot de cherté que la Suisse représente depuis très longtemps.
