Deux ans de pandémie, suivis du conflit en Ukraine, ont mis l’économie mondiale et le marché des matières premières sous forte pression. Les interruptions dans les chaînes d’approvisionnement, les pénuries de matériaux, la crise du fret maritime, sans oublier l’augmentation des coûts de l’énergie, ont provoqué une envolée des prix de certains matériaux indispensables pour l’industrie de la construction.
De janvier 2020 à mars 2022, le prix du bitume (70/100) a ainsi plus que doublé! Quant au prix de l’acier d’armature, il a augmenté de 150% entre janvier 2020 et mai 2022. Enfin, durant l’année 2022, le prix des plaques en laine de roche (pour l’isolation) augmentait de 30%. En conséquence, les marges déjà faibles des entreprises du secteur de la construction se sont encore réduites dans la mesure où ces augmentations n’ont le plus souvent pas pu être répercutées sur le client final, les contrats ayant déjà été conclus à des prix bloqués.
La recherche de nouvelles filières d’approvisionnement à des prix compétitifs
Les organismes faîtiers de la branche, à l’instar de la SSE Genève, sont intervenus sans relâche auprès des maîtres d’ouvrage publics et privés afin que ces augmentations inédites de prix sur les matériaux soient prises en compte tant dans les appels d’offres que dans les contrats d’entreprise.
Par ailleurs, dans ce contexte de volatilité inédite des prix des matières premières, les entreprises de la construction ont également été confrontées à la pratique des fournisseurs consistant à ne plus garantir le prix de certains produits au-delà de 24h. Les entreprises ont ainsi dû assumer des risques financiers parfaitement étrangers à la nature même de leur activité qui reste celle de bâtir.
Ces dernières ont également pâti du fait de se retrouver en bout de chaîne d’un approvisionnement en matériaux souvent chaotique, les rendant ainsi tributaires des différents acteurs intervenant en amont. S’il est vrai que, parmi ces acteurs, de nombre d’entre eux répondent à des stratégies souvent suprarégionales, les entreprises de la construction sont, quant à elles, résolument locales.
Il convient ici de rappeler que le secteur de la construction contribue au PIB suisse à hauteur d’environ 10%. Il emploie plus de 8% des salariés en Suisse et constitue un acteur essentiel du tissu économique local. Mais il s’agit aussi d’un secteur qui est, par nature, soumis à de nombreuses contraintes, liées notamment à la nécessité de recruter une main-d’œuvre locale et d’acheminer les matériaux sur site.
En conclusion, les circonstances exceptionnelles que nous vivons depuis maintenant trois ans mettent en lumière notre dépendance à l’égard des différentes filières traditionnelles d’approvisionnement. Elles rendent en outre compte de l’importance du rôle et de la responsabilité du secteur du commerce des matières premières dans la recherche de nouvelles filières d’approvisionnement à des prix compétitifs, notamment lorsque les portes des marchés traditionnels se referment.