Dans un contexte de raréfaction de la ressource, il devient impératif pour les opérateurs du secteur des matières premières agricoles et minières de continuer à réduire l’empreinte en eau de leurs activités. Produire des biens agricoles consomme en effet beaucoup d’eau. 1,22 m3 est nécessaire pour faire pousser 1kg de maïs; une seule banane a quant à elle eu besoin de 160 litres pour grandir. Les matériaux critiques de la transition énergétique sont également très consommateurs d’eau: le lithium, le cobalt, le nickel, utilisés dans les batteries lithium-ion des véhicules électriques; de même que le cuivre.
Or, le manque d’eau s’est imposé comme un sujet de sécurité collective. Il s’exprime dans un large ensemble partant du Nord du Maroc, traversant l’Afrique du Nord et englobant le Sahel, arrivant ensuite au Proche et Moyen Orient avant d’atteindre la péninsule indienne et de terminer sa course dans la partie septentrionale de la Chine; sans oublier les situations de stress hydrique que connaissent l’Australie et les Amériques. Tous ces espaces géographiques sont des zones de production agricole et d’extraction minière, qui sont de plus en plus impactées par le manque de disponibilité en eaux de surface et en eaux souterraines. C’est en particulier le cas du Chili, du Pérou, de l’Australie et de la Chine, alors que ces pays sont stratégiques en matière d’extraction de métaux critiques.
Dans ces conditions, il apparaît essentiel qu’entreprises minières et coopératives agricoles accentuent leurs efforts en matière de prélèvement et de consommation d’eau. Trop peu déclarent en effet une politique de réduction de leur empreinte en eau dans le CDP Global Water Report.
Pour y parvenir, il apparaît pertinent de systématiser les modules de réutilisation, à même de recycler les eaux usées générées par l’entreprise elle-même, où celles issues de la collectivité. La récupération des eaux de pluie par des retenues hydrauliques adaptées, à des fins de stockages hivernaux, est également une solution à privilégier, de même que le recours à des stations fixes ou mobiles de dessalement en zones côtières.
Il est aussi nécessaire d’agir sur la demande en eau par une politique drastique de réduction des fuites. Celles-ci sont encore trop nombreuses en volume, allant de 20 à 50% de pertes. Seule une politique volontariste de réparation du patrimoine enterré et de digitalisation des réseaux, avec l’installation de capteurs de détection, permettra d’atteindre de meilleurs rendements.
Pour terminer, le secteur des matières premières agricoles et minières a un rôle clé à jouer pour apporter réponse à une crise moins visible: celle de la pollution générée par les activités industrielles, mais également par le changement climatique, car une baisse du débit des fleuves multiplie la pollution d’eau brute destinée à la production d’eau de consommation humaine, à l’irrigation et à l’élevage.