Les exigences croissantes de fonds propres de la Confédération, en cas d'échec des projets de privatisation du Conseil fédéral, obligeraient la filiale de La Poste à réduire son bilan et à ramener les fonds clientèle à environ 15 milliards de francs, a relevé le directeur général de Postfinance Hansruedi Köng dans une interview à Finanz und Wirtschaft. De plus, le cas échéant, des taux négatifs seraient inévitables.
En cas d'échec de la privatisation, Postfinance ne serait pas une perle de rentabilité, selon le CEO. Avec sa stratégie, elle parviendrait à dégager de faibles bénéfices. Vouloir générer de la valeur ajoutée serait "une illusion".
Si, en revanche, Postfinance était autorisée à se lancer dans les crédits, elle pourrait constituer en l'espace d'une dizaine d'années un volume hypothécaires de près de 50 milliards de francs. Les crédits aux entreprises seraient également intéressants pour l'entreprise, notamment ceux aux PME. Postfinance pourrait générer une croissance non organique, notamment en faisant l'acquisition de portefeuilles de crédits, selon M. Köng.
Le CEO de Postfinance ne pense pas que la suppression de l'interdiction d'octroyer des crédits constituerait une distorsion de concurrence. Le volume du marché hypothécaire suisse est de plus de 1000 milliards de francs, a-t-il rappelé. Avec une progression d'environ 5 milliards par an, cela ne serait certainement pas une distorsion de concurrence.
Si Postfinance pouvait générer via des crédits des recettes supplémentaires de 200 millions par année, elle se situerait à près de 360 millions. Pour des fonds propres de 6 milliards, cela donne un rendement de 5%. Avec cela, l'entreprise deviendrait lentement intéressante pour les investisseurs.
Le patron de Postfinance admet que les obstacles politiques à la privatisation sont "énormes". Avec l'interdiction d'octroyer des crédits et l'obligation légale d'approvisionnement de base, la politique entrave lourdement Postfinance. L'approvisionnement de base n'est toutefois pas incompatible avec la privatisation, selon M. Köng. Swisscom assure aussi un approvisionnement de base et elle est cotée avec succès en Bourse. (awp)