La pression sur les marges induite par les taux négatifs a laissé des traces sur la performance de Postfinance en 2020. Le bras financier de La Poste a vu son résultat opérationnel plonger d'un tiers à 161 millions de francs, indique jeudi le géant jaune, qui pointe également du doigt les difficultés liées à la crise pandémique.
Les recettes ont reculé de 5,6% à 1,57 milliard de francs. Tendance prévalant depuis quelques années, le recul de la marge d'intérêt a connu un ralentissement en 2020, a expliqué le directeur général Hansruedi Köng en conférence de presse.
Le résultat des opérations d'intérêts s'est établi à 557 millions de francs, raboté de 18 millions sur un an. En 2019, le tassement avait atteint 148 millions. La gestion des avoirs à vue de la banque auprès de la Banque nationale suisse (BNS) a permis de limiter les dégâts l'année dernière.
L'établissement bernois a vu le nombre de ses clients se tasser à quelque 2,69 millions de personnes, soit environ 53'000 de moins qu'à fin 2019. Les dépôts de la clientèle ont néanmoins progressé de 3,4% à 123,68 milliards de francs. Postfinance fait partie des cinq banques suisses présentant un risque systémique.
Les avoirs clientèle placés sur des solutions d'entreprises partenaires ont bondi (+13%) à 14,49 milliards de francs. Les hypothèques ont grappillé 1,2% à 6,04 milliards.
Pression accrue
A fin décembre, Postfinance employait 3260 équivalents plein temps, un effectif stable (+0,5%) sur un an.
L'établissement bernois devra vraisemblablement composer cette année avec une pression accrue sur les opérations d'intérêts. La marge dans cette activité devrait passer à 36 points de base (pb), contre 42 pb l'an dernier, a prévenu M. Köng.
Début janvier, le Conseil fédéral a annoncé son intention de privatiser complètement Postfinance, un projet allant de pair avec la levée de l'interdiction faite à l'établissement d'octroyer des crédits. La filiale du géant jaune vise un volume de 50 milliards de francs de crédits immobiliers à moyen terme, a expliqué son patron Hansruedi Köng en février.
Dans une prise de position diffusée jeudi, Syndicom affirme qu'une privatisation de Postfinance compromettrait le modèle à succès de La Poste et diminuerait la qualité du service public. "Cela pourrait impliquer une diminution des offices postaux et un service public de moindre qualité pour la population, mais aussi une détérioration des conditions de travail pour le personnel" de l'entreprise, explique le syndicat. (awp)