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Les restaurants d’entreprise désertés au profit de repas plus connectés

La tendance au réfrigérateur en libre accès se renforce. Deux nouveaux acteurs ont investi ce segment: le géant de la restauration collective SV Group et celui de la distribution Migros.

Fondée en 2014, à Zurich, Felfel est la plus ancienne entreprise active sur le créneau des réfrigérateurs intelligents de Suisse. Aujourd'hui, elle réalise plus de 25% de son chiffre d'affaires du côté romand.
Felfel
Fondée en 2014, à Zurich, Felfel est la plus ancienne entreprise active sur le créneau des réfrigérateurs intelligents de Suisse. Aujourd'hui, elle réalise plus de 25% de son chiffre d'affaires du côté romand.
01 décembre 2020, 21h00
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La crise liée à la pandémie de coronavirus a bouleversé le rituel professionnel du diner. Sur les 300 cantines d’entreprise exploitée par SV Group en Suisse, 50 sont temporairement fermées. D’autres tournent au ralenti vu le grand nombre de collaborateurs en télétravail. «La deuxième vague nous frappe à nouveau très fort», témoigne Manuela Stockmeyer, porte-parole de la compagnie de Dübendorf (ZH) leader de ce marché. «Nous supposons que la tendance au home office se poursuivra et se stabilisera à environ un jour par semaine, après la pandémie», espère-t-elle.

Le numéro deux Eldora ne communique pas de chiffres relatifs à l’impact du coronavirus sur son activité de restaurateur d’entreprise. Cette dernière est «fortement réduite», selon le directeur Andrew Gordon, qui assure que le groupe a pris «toutes les dispositions nécessaires» pour préserver au maximum les 2200 places de travail. L’entreprise de Rolle a d’ailleurs innové: elle propose, depuis mi-novembre, aux employés de commander des barquettes à réceptionner dans leur cantine, pour en disposer depuis chez eux.

Faire un saut au restaurant est exclu: iI faudra attendre le 10 décembre avant de les voir rouvrir dans les cantons de Fribourg, Genève, Jura, Neuchâtel et Vaud. Si de nombreux établissements proposent un lunch à emporter, cette solution ne semble pas privilégiée, selon les données récoltées auprès de milliers d’utilisateurs par Swibeco. La société lausannoise émettrice de la Lunch Card a vu les dépenses au restaurant chuter de 86% lors du semi-confinement printanier. Pendant cette période, la carte d’allocation repas a été utilisée bien plus souvent au supermarché: une part qui est passée de 45 % à 73 %. «Entre les deux confinements, nous avions constaté un retour à la normale», indique Alexis de Font-Réaulx, directeur et associé de la firme spécialisée dans les avantages extra-salariaux.

Deux nouveaux frigos intelligents

A midi, pourquoi ne pas tout simplement ouvrir la porte du réfrigérateur? Mais celui de l’entreprise puisque de plus en plus de lieux de travail se dotent d’une solution de repas en libre-service. Et les offres se multiplient: aux deux acteurs principaux du pays – le zurichois Felfel né en 2014 et le genevois GreenTime fondé en 2017 – se sont ajoutés deux concurrents de poids.

Mi-novembre, le réfrigérateur Snäx a débarqué sur le marché. Porté par une équipe de 25 personnes et la force du groupe Migros, il a été soutenu par la société d’investissement Sparrow Ventures, filiale du distributeur. La start-up de Zurich propose ses menus de la Suisse orientale à Bâle. «La prochaine étape: la Suisse occidentale. D’abord la région de Berne avant de nous intéresser à la Suisse romande», décrit Lida Ahmadi, CEO de Snäx.

Le géant du catering SV Group a lui aussi mis au point une offre de frigo intelligent. Testé durant le printemps 2019, le réfrigérateur Emil Fröhlich cible des PME «trop petites pour ouvrir leur propre restaurant de personnel», selon les mots de Manuela Stockmeyer. Le leader de la restauration collective voit un grand potentiel dans cette solution. «Nous sommes en train d'élargir encore notre gamme», ajoute la porte-parole  


Officiellement créée en novembre 2019, la start-up a lancé son offre en novembre 2020: un frigo high tech bardé de capteurs qui s'ouvre lorsqu'un repas est commandé via une application dédiée
Snäx
Officiellement créée en novembre 2019, la start-up a lancé son offre en novembre 2020: un frigo high tech bardé de capteurs qui s'ouvre lorsqu'un repas est commandé via une application dédiée

Des opportunité Covid-compatibles

Ces réfrigérateurs ont la cote en temps de pandémie car ils réduisent les contacts entre employés ou avec le personnel d’une cafétéria. «Jusqu’ici, nous servions essentiellement des banques, des régies immobilières, etc. Depuis la crise sanitaire, les industries font appel à nous. Firmes horlogères ou compagnies pharmaceutiques: elles doivent assurer leur production», explique Sacha Gonczy. Il est cofondateur et CFO de GreenTime dont le territoire s’étend de Genève à Lausanne. Pour la start-up qui emploie 12 personnes, la baisse d’activités liée au télétravail d’une part de la clientèle a été compensée par ces nouveaux contrats. Le responsable financier souligne que GreenTime a doublé son chiffre d’affaires en 2020. «Nous espérons nous saisir de cette crise comme d’une opportunité et maintenir la croissance en 2021».

Son sentiment est partagé par Anna Grassler, co-directrice de Felfel. Elle raconte que de nombreuses entreprises obligées de fermer leur cantine se sont tournées vers «l’alternative sûre et l’installation sous 24h» de réfrigérateurs intelligents. En particulier les «hôpitaux et distributeurs de matériel de protection qui ont fait face à une augmentation significative de travail.» La plus ancienne entreprise sur le marché suisse des frigos connectés emploie 100 personnes et compte plus de 500 compagnies clientes dont Comparis ou le géant pharmaceutique Bayer.


Le service a été lancé au début du mois d'octobre, à Genève. Si pour le moment la start-up loue une cuisine de production à Plan-les-Ouates, son équipe compte bientôt  acheter ses propres locaux dans le quartier.
Treat
Le service a été lancé au début du mois d'octobre, à Genève. Si pour le moment la start-up loue une cuisine de production à Plan-les-Ouates, son équipe compte bientôt acheter ses propres locaux dans le quartier.

Le nouveau venu genevois Treat dessert les sociétés à vélo

Plus de cantine a votre bureau? Pas de frigo connecté non plus? Il est toujours possible de se faire livrer. Depuis Rolle, HomeGourmet s’est développé en délivrant des repas en entreprise, avant d’élargir ses activités à la restauration collective avec HomeBistrot. Tandis que, face à la crise sanitaire, SV Group a lancé son offre Andiamo Delivery, «plus rapidement que prévu», selon Manuela Stockmeyer. Elle est disponible à Zurich, Berne et Bâle.

«Nous voulons rajeunir la cantine traditionnelle et réduire le gaspillage alimentaire», assure Romain Rosselet, CEO et cofondateur de Treat. Du côté de ce nouvel acteur de la livraison de dîners, les commandes sont prises jusqu’à minuit pour le jour d’après, «afin de ne produire que ce qui sera vendu». Pour inciter les consommateurs à commander à l’avance, la start-up genevoise a instauré un système de rabais. «Plus tôt vous commandez, moins vous payerez», précise le diplômé de l’École hôtelière de Lausanne (EHL). Et vous bénéficiez d’une réduction supplémentaire si votre entreprise est partenaire, ce qui ne lui coûte rien.

Treat mise sur une alimentation locale: soufflé de truite, carbonara de champignons ou civet de sanglier: tout est confectionné dans une cuisine de Plan-les-Ouates avec des denrées venant en priorité du canton de Genève. «La carte propose une quinzaine de plats à 14 francs, qui évoluent chaque semaine. Ils affichent un curseur de localité et, en moyenne, nous ne descendons pas sous les 90% de produits bruts suisses», explique-t-il. Les repas sont ensuite livrés en vélo cargo, dans la matinée.

Soutenu par des investisseurs de la place financière genevoise, Treat a débuté ses activités au début octobre. Elle fait face à un pic de commandes depuis le début de la deuxième vague, «surtout du côté des centres d’affaires», décrit le CEO. Chaque jour, l’équipe de quatre collaborateurs bat ses propres records. Elle devrait doubler de taille au 1er janvier. Après Genève, la jeune pousse espère reproduire son modèle à Zurich – «avec des livraisons d’ici six mois» – puis à Bâle.