Directeur du KOF et membre de la taskforce Covid, Jan-Egbert Sturm estime que la crise du coronavirus n'a jamais remis en question l'ordre économique du pays. Dans une interview au SonntagsBlick, il a souligné que, comparativement, la Suisse s'est bien sortie de la crise, grâce à sa structure économique.
En regard de la crise pétrolière ou de la crise financière, les conséquences économiques de la pandémie du Covid-19 sont restées étonnamment faibles. "Nous avons nettement mieux surmonté la crise que ce que bien des experts économiques jugeaient possible". Il y a eu des effets certes douloureux, mais aucun gros bouleversement ne s'est produit, a relevé M. Sturm.
De nombreuses activités ont tout simplement pu être poursuivies en télétravail et les branches industrielles importantes ont montré leurs capacités de résistance à la pandémie, industrie pharma en tête. De plus, le Conseil fédéral n'a jamais paralysé l'économie comme cela a été le cas ailleurs, a souligné M. Sturm.
En outre la Suisse pourra rembourser "sans problème" les dettes qu'ont causées les mesures d'aide liées à la pandémie.
Nouveaux profils professionnels requis
Le fait que le nombre des chômeurs longue durée ait plus que doublé par rapport à l'année d'avant la crise est typique lors d'une récession, a expliqué le directeur du KOF. La durée maximale des prestations de l'assurance-chômage ayant été prolongée, cela a eu pour conséquence que moins de personnes sont arrivées en bout de droits et ont disparu de la statistique du chômage.
On note aussi une mutation dans la recherche des qualifications des travailleurs. La prolongation du télétravail a par exemple entraîné une hausse de la demande en spécialistes en informatique. Or, on ne trouve pas soudain ce genre de qualifications. Cependant, ce défi existait déjà avant la crise du coronavirus pour l'économie et cela continuera à l'occuper à l'avenir.
Inflation provisoire
Les prix ont fortement augmenté en Europe et aux Etats-Unis et c'est, selon M. Sturm, dû aux goulets d'étranglement dans l'approvisionnement mondial et à l'évolution des prix de l'énergie. L'expert s'attend à ce qu'une grande partie du phénomène ne soit que de nature passagère.
Dès que l'offre pourra à nouveau satisfaire la demande, les taux d'inflation devraient diminuer. De plus, une légère hausse des prix est tout à fait souhaitable du point de vue de l'économie. Sur la durée, il ne serait pas bon d'avoir une "inflation négative" comme cela a été le cas ces dernières années.
Si la Suisse s'en tire comparativement bien en termes de taux d'inflation, c'est dû, selon M. Sturm, à la force du franc qui réduit les prix à l'importation. Les prix de l'énergie jouent toutefois aussi un rôle: la hausse des prix du pétrole et du gaz a moins d'effet en Suisse, car l'économie y est moins gourmande en énergie. (ats)