La Journée internationale des droits des Femmes existe pour nous rappeler que le fossé entre les genres n’est toujours pas comblé. En Suisse, ces inégalités se traduisent économiquement par un écart salarial d’environ 19% et par un plafond de verre plus épais que partout ailleurs dans le monde. Le territoire helvétique est en effet celui où les femmes ont le moins de chances de promotion: elles comptent pour seulement 22% des cadres supérieurs et 10% des directions, selon le cabinet Equileap.
Indispensable coup de projecteur annuel sur ces discriminations, le rendez-vous du 8 mars est aussi une occasion de se réjouir des progrès accomplis. Et, comme d’habitude, les bonnes nouvelles s’enchaînent le long de cette journée, profitant de la caisse de résonance offerte par l’événement. L’Agefi a sélectionné cinq annonces du jour, qui mettent en lumière les efforts pour plus de parité économique dans le pays.
Cartier paie ses joailliers autant que ses joaillières
Après Vacheron-Constantin en juillet, une autre entité du groupe suisse Richemont a obtenu, ce lundi, la certification Equal-Salary. La marque d'horlogerie-joaillerie française Cartier s’est vu décerner le label pour près de 200 employés de son siège international de Meyrin, en Suisse. Dans un communiqué, le CEO de Cartier, Cyrille Vigneron, s’est dit «fier de recevoir cette première certification» pour la société de luxe et heureux de bientôt pouvoir «l’étendre au monde entier». Ce label garantit un écart salarial entre femmes et hommes inférieur ou égal à 5%.

Le cigarettier British American Tobacco aussi
La fondation Equal-Salary a aussi annoncé, ce dimanche, la certification de l’entreprise British American Tobacco (BAT) Switzerland. Le géant du tabac garantit ainsi qu’il rémunère ses presque 370 employés des sites de Lausanne et Boncourt de manière équitable, quel que soit leur genre.
Naissance d’un accélérateur dédié aux FemTech
Fertilité, grossesse, post-partum, ménopause, menstruations: autant de problématiques de santé qui seront au cœur d’un nouvel incubateur, sur le site de l’EPFL Innovation Park. Nommé Tech4Eva, cet accélérateur de start-up verra le jour d’ici un mois, grâce à un partenariat avec l’assureur valaisan Groupe Mutuel.

Le projet a été dévoilé ce lundi et il sera le premier du genre, en Suisse, à répondre spécifiquement aux questions de santé féminine, «des thèmes trop souvent oubliés dans le développement de solutions technologiques liées à la santé», commente Thomas Boyer, CEO du Groupe Mutuel, dans un communiqué. Les créateurs du nouvel accélérateur avancent que seuls 4% des investissements mondiaux dans la santé sont consacrés à celle des femmes.
Les candidatures sont ouvertes. Au maximum 15 jeunes entreprises, de Suisse ou d’ailleurs en Europe, seront sélectionnées pour un accompagnement de neuf mois.
La finance genevoise dopera les investissements orientés égalité
L’association Sustainable Finance Geneva (SFG) a lancé officiellement son action pour davantage d’égalité dans la finance: la Gender Lens Initiative Switzerland ou Glis. L’organisme à but non lucratif s’engage pour une finance plus inclusive, par la recherche et le développement de produits financiers axés sur le genre, ainsi que l’organisation d’événements de sensibilisation.
L’objectif du Glis est d’augmenter les investissements qui contribuent à l'égalité entre les genres. Selon la plateforme d’actualités Geneva Solutions, à peu près 200 fonds, déployant environ 10 milliards de dollars de capital, ciblaient déjà cette thématique en 2019, et leur nombre croît rapidement.
Annoncé mi-février, le projet rassemble un comité de recherche composé d’académiciens des universités de Genève et de Zurich mais aussi de Siegen, en Allemagne, ou de l’IMD à Lausanne. Le Glis s’appuie sur des partenaires privés et publics, tels que le gestionnaire de portefeuilles AlphaMundi Group, la Direction du développement et de la coopération (DDC) de la Confédération, l’organisation Gender Smart Investing ou encore la banque UBS.
Une initiative pour une fiscalité plus équitable
L’égalité passe par l’imposition individuelle: les porteurs de l’initiative populaire pour «des impôts équitables», lancée ce lundi, en sont convaincus. Ce comité prône une imposition individuelle, indépendante de l'état civil, pour lutter contre «la pénalité de mariage».
Les couples mariés et les couples de même sexe vivant en partenariat enregistré sont imposés conjointement. Vu que leurs revenus sont additionnés, ils souffrent d’un taux d'imposition plus élevé: ils paient davantage, pour des revenus semblables.
Cette revendication est portée entre autres par l'ancienne conseillère fédérale Ruth Metzler (Le Centre) et la conseillère nationale Jacqueline de Quattro (PLR/VD). Afin d'accroître l'activité des femmes, l'OCDE recommande depuis longtemps à la Suisse d'introduire ce modèle d’imposition, comme c'est déjà le cas dans la plupart des pays européens. (SM avec ATS)