L’heure du bilan est arrivée alors que 2020 tire à sa fin. L’année fut particulièrement anxiogène voire dramatique pour nombre d’acteurs de l’économie et leurs employés. La restauration, l’événementiel, la culture, le sport ou encore le tourisme ont subi des vagues d’arrêts et de reprises de leur activité. Certains ne s’en relèveront pas.
Souvent mal expliquées – les autorités ont par exemple fermé les restaurants sans apporter la preuve qu’ils formaient de hauts lieux de contamination – , les privations de liberté resteront dans les livres d’histoire. Elles alimenteront pour longtemps une forme de défiance à l’égard de responsables politiques confrontés à des choix difficiles.
Mais ce serait une erreur de ne retenir que ces aspects de la pandémie. Sur le front sanitaire, il importe de saluer la force du système hospitalier grâce à laquelle le nombre de victimes est resté particulièrement bas et presque limité aux personnes déjà très âgées.
L’année 2020 a surtout été marquée par une créativité extraordinaire. Le semi-confinement a accéléré comme jamais la numérisation de l’économie, ce qui permettra des gains de productivité, et donc de richesse, considérables. Le commerce en ligne a pu combler une partie de son retard. Les webinaires ont remplacé avantageusement une série d’événements. Le travail à distance a simplifié la vie de millions de personnes; qui souhaiterait revenir en arrière?
L’année 2020 a surtout été marquée par une créativité extraordinaire.
La crise a aussi accentué certains changements dans la structure de l’économie suisse. En particulier, elle a renforcé le poids des industries chimiques et pharmaceutiques. Il y a 10 ans, ces dernières ne pesaient que 4% du PIB. En 2020, elles ont compté jusqu’à 9% de la valeur créée en Suisse, loin devant celle des banques (5%) et presque autant que toutes les autres industries réunies (10%).
Cette dépendance au secteur pharma ne va pas sans inconvénient, dont une contribution au renforcement du franc, mais on ne saurait s’en plaindre en période de pandémie. D’ailleurs, l’arrivée du vaccin représente un véritable cadeau de Noël.
Enfin, la Suisse a (pour l’instant) échappé à une vague de faillites. Cette résilience tient pour beaucoup au tissu économique dont la flexibilité ne cesse d’impressionner. Après leur éclair de génie du printemps, les autorités politiques ont au contraire déçu, en condamnant des pans entiers de l’économie à la fermeture sans leur apporter un soutien financier à la hauteur des enjeux. Un peu plus d’audace sera nécessaire en 2021. Même si, ne l’oublions pas, l’économie suisse reste dépendante de la santé de ses partenaires économiques.