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Penser l'urbanisme de demain: un chaos lémanique créé par l’aquathermie?

Episode 2 – L'incident technique qui a bloqué la ligne des CFF à Tolochenaz révèle la rencontre de la première révolution industrielle avec la quatrième. Par Xavier Comtesse

C’est le percement d’un tunnel pour les conduites d’eau servant un système de chauffage aquathermique qui est responsable de l’incident.
Keystone
C’est le percement d’un tunnel pour les conduites d’eau servant un système de chauffage aquathermique qui est responsable de l’incident.
Xavier Comtesse
Manufacture Thinking - Mathématicien et président
16 novembre 2021, 15h00
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Un incident sur une voie ferrée a rendu la vie difficile pour les pendulaires de la Métropole lémanique pendant plusieurs jours, la semaine dernière, sans retour à la normale dans l’immédiat. Une chose remarquable à noter: cet incident est dû à la rencontre de la première révolution industrielle (celle de la machine à vapeur et conséquemment des chemins de fer) avec le quatrième révolution (celle notamment des énergies renouvelables). En effet, c’est le percement d’un tunnel pour les conduites d’eau servant un système de chauffage aquathermique qui est responsable de l’incident. C’est pour la zone sud de Tolochenaz et pour l’entreprise Medtronic que les travaux ont été entrepris.

Mais de quoi s’agit-il?

Il s’agit du différentiel de température entre l’eau du lac et la terre (ou l’air) qui permet d’extraire de la chaleur (ou du froid). Ce système d’aquathermie est souvent appelé «pompe à chaleur». C’est un procédé formidable qui est totalement renouvelable et qui n’a quasiment aucun effet négatif sur l’environnement. Le CIO, l’EPFL, l’ONU (pour ne citer que quelques exemples sur la dizaine de projets sur le Léman) utilisent déjà cette technique depuis plusieurs années sans aucun dommage sur la nature.

On pourrait se demander pourquoi la Suisse toute entière qui possède plus de 1500 lacs ne se tourne pas davantage vers cette technique

Xavier Comtesse

À Genève, on voit grand, après les premiers essais notamment pour le refroidissement des bâtiments onusiens, on a lancé un nouveau projet qui s’appelle GeniLac et qui va se développer jusqu’en 2035. Il permettra d’économiser 70.000 tonnes de CO2 par an. Il sera le plus grand projet écologique de Suisse romande. On pourrait se demander pourquoi d’ailleurs la Suisse toute entière qui possède plus de 1.500 lacs ne se tourne pas davantage vers cette technique, lorsque l’on sait que le chauffage compte pour 67% du besoin en énergie des ménages.

Tout semble magnifique sauf que deux problèmes compliquent la donne.

D’abord, il faut de grande quantité d’eau si l’on ne veut pas d’impact trop fort sur la nature. Donc seuls les grands lacs de Suisse sont exploitables comme par exemple le lac de Neuchâtel.

Ensuite, il faut dimensionner les projets en fonction des distances à parcourir. Donc cela nécessite de développer beaucoup de petits ou moyens projets ce qui diminue la rentabilité de chacun d’eux. C’est un investissement important donc souvent un choix politique pour les municipalités.

On arrive à une conclusion simple: aucune source d’énergie ne résoudra nos problèmes d’approvisionnement futur à elle seule… on se dirige droit vers de l’hybride. C’est notre avenir. La diversité est garante de résilience économique.