Cela faisait plus de dix ans que l’on n’avait plus connu un renchérissement dépassant les 2%. Certains mois, il a même dépassé les 3% pour s’établir, sur l’ensemble de l’année et au niveau suisse, à 2,8% pour 2022. Seul baume au cœur, notre pays s’en sort mieux que les économies européennes. Mais la satisfaction s’arrête là. Inutile de préciser que dans le contexte d’incertitudes multiples qui règne, l’indexation des salaires a constitué un défi supplémentaire pour les entreprises et les gouvernements cantonaux dans l’établissement de leur budget.
Lors de la lecture du budget vaudois, les débats ont même été houleux. «Mépris», «pingrerie»: les mots durs ont plu – du verbe pleuvoir, donc – dans les travées de la gauche, en décembre dernier. La question de l’indexation des salaires dans la fonction publique a divisé le plénum, mais pour de mauvaises raisons.
Car si certains ont voulu mettre à l’index le plan du gouvernement vaudois, ils ont oublié que le diable se cachait aussi dans les détails. A cette indexation au coût de la vie de 1,4% doivent aussi s’ajouter les annuités des salariés de la fonction publique. Pour rappel, à l’Etat de Vaud, le salaire annuel brut est augmenté au début de chaque année civile selon les montants correspondant à sa classification. La hausse finale se situe donc tout à fait dans la cible par rapport aux autres cantons romands.
Petit rappel: les employés du privé n’ont pas d’annuités, et ils ne bénéficient pas forcément de prime
Philippe Miauton
Avant de pointer du doigt l’indexation cantonale, ces élus fâchés devraient parfois observer les différences entre privé et public. Petit rappel: les employés du privé n’ont pas d’annuités, et ils ne bénéficient pas forcément de prime. Ils ne bénéficient pas non plus d’une caisse de pension en primauté de prestations – dont les recapitalisations ont été malheureusement nombreuses. J’ajouterai enfin qu’il n’y a pas davantage d’augmentation de postes comme l’Etat le fait année après année.
L’industrie vaudoise a tablé sur une indexation de 2,4% et les sociétés de service autour de 1,9%, ce qui se situe aussi dans la cible au niveau de l’économie romande. Au final, l’Etat a fait comme l’économie: le canton de Vaud se situe donc dans la cible. Aux reproches de mépris et de pingrerie avancés, j’ai envie d’opposer la vision d’un gouvernement responsable par rapport à un budget aux équilibres fragiles.