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Une crise en chasse une autre

Les entreprises sont en droit d’attendre que le Conseil fédéral trouve rapidement des solutions crédibles aux grands défis tels que celui de l’approvisionnement électrique. Par Cristina Gaggini

"L’industrie a diminué de 15% ses émissions CO2 par rapport à 1990, alors même que le PIB suisse a triplé au cours de la même période!"
Keystone
"L’industrie a diminué de 15% ses émissions CO2 par rapport à 1990, alors même que le PIB suisse a triplé au cours de la même période!"
Cristina Gaggini
Economiesuisse - Directrice romande
03 mai 2022, 19h00
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Sur le front économique, l’année avait bien commencé. Au premier trimestre, les exportations suisses désaisonnalisées ont progressé de 1,2% (réel: +2,4%), affichant ainsi leur septième croissance trimestrielle consécutive. Mais le ciel s’est assombri. L’invasion de l’Ukraine a provoqué un deuxième choc de l’offre, alors même que le premier – déclenché par la forte reprise économique mondiale l’an passé – n’avait pas encore été dépassé.

Les producteurs continuent donc à pâtir d’importantes difficultés d’approvisionnement, exacerbée par le confinement de Shanghai, et de la hausse des prix des matières premières et de l’énergie. En clair, en Suisse comme ailleurs, on peut moins produire ou à des prix supérieurs. Ce, alors même que l’inflation galope à l’étranger.

La perte de pouvoir d’achat à l’échelle mondiale entraîne à son tour une baisse de la demande de produits et de services helvétiques. Ceux-ci sont plus chers, en raison du renforcement du franc. Mais il faut aussi souligner que, d’un autre côté, la force du franc atténue la hausse des prix des biens importés, de sorte que la poussée inflationniste est moins marquée en Suisse (2,4%).

Pour une économie aussi ouverte que la nôtre, qui génère 1 franc sur 2 hors de nos frontières et est pauvre en matières premières (excepté l’eau), tout ralentissement de la demande étrangère a un impact. Or, la zone euro s’installe dans la stagflation et le PIB américain a reculé de 1,4% au premier trimestre alors que les économistes attendaient un simple ralentissement. Une possible récession aux Etats-Unis fin 2023 n’est plus exclue.

Il n’est plus l’heure de tergiverser ni de mener des combats idéologiques

Cristina Gaggini

Qu’à cela ne tienne, nos petites, moyenne et grandes entreprises industrielles continuent à faire preuve de résilience, d’ingéniosité et de persévérance. Sur le plan de la lutte contre le réchauffement climatique aussi, elles font leur part.

L’industrie a diminué de 15% ses émissions CO2 par rapport à 1990, alors même que le PIB suisse a triplé au cours de la même période! Un résultat dont seule l’industrie peut se targuer, contrairement au domaine des bâtiments respectivement des transports qui n’ont pas atteint leurs objectifs.

Les entreprises sont en droit d’attendre que le Conseil fédéral fasse sa part et trouve rapidement des solutions crédibles aux grands défis que sont notamment l’approvisionnement électrique du pays et l’accès à notre principal débouché commercial, l’Union européenne. Il n’est plus l’heure de tergiverser ni de mener des combats idéologiques. Les femmes et les hommes qui font tourner nos entreprises, à l’origine d’une part substantielle des recettes fiscales du pays, méritent bien cela.