• Vanguard
  • Changenligne
  • FMP
  • Rent Swiss
  • Gaël Saillen
S'abonner
Publicité

Un échec prévisible et prémédité

Par Jacques Neirynck

Jacques Neirynck
Ancien conseiller national
22 juin 2021, 13h30
Partager

Le 13 juin est arrivé et nous avons voté oui au referendum opposé à la loi sur le CO2. Il se présentait sous de mauvais auspices car il était attaqué par la droite extrême qui lui reprochait de prélever des taxes et par l’extrême gauche qui la critiquait pour son manque de radicalité.

On aurait pu interdire le chauffage au mazout et les voitures à essence. On aurait pu instaurer un rationnement, comme chaque fois que l’on est confronté à une pénurie afin que les moins favorisés ne soient pas prétérités. On n’en a rien fait.

Le parlement fédéral a élaboré une loi sur le CO2 telle que les inconvénients de la transition climatique affecteraient surtout les moins favorisés. Or, la sauvegarde de l’environnement et la justice sociale sont deux objectifs qui ne coïncident pas spontanément.

Une politique intelligente devait donc prendre en compte deux objectifs difficilement conciliables: sauver la planète et protéger les populations défavorisées.

L’exemple historique le plus récent est celui des gilets jaunes. Dans la France de 2018, ce mouvement a explosé en réaction à une augmentation des taxes sur l’essence.

Une politique intelligente devait donc prendre en compte deux objectifs difficilement conciliables: sauver la planète et protéger les populations défavorisées. La loi sur le CO2 envisageait comme moyen essentiel le renchérissement de certaines prestations. Ces taxes supplémentaires sont négligeables pour ceux qui en ont les moyens et qui ne changeront pas leur comportement. Mais elles pèseraient tellement lourd sur ceux qui n’en disposent pas qu’ils devront renoncer à certaines prestations.

Est-ce que la production de CO2 aurait diminué pour autant? Personne ne peut prévoir quoi que ce soit. Car ceux qui polluent le plus, qui ont de grosses voitures, qui voyagent beaucoup en avion, qui occupent de grands logements, ne seront pas vraiment incités à diminuer leur consommation. Cette loi favorable aux plus gros pollueurs se conforme aux préjugés de l’assemblée parlementaire, à savoir que la transition climatique n’est pas un sujet sérieux!

Cette double opposition de la droite et de la gauche prouve une seule chose: la loi était la moins mauvaise que puisse promulguer un Conseil fédéral impuissant et un parlement divisé. Non pas au sens où elle aurait été en quelque mesure efficace au point de vraiment réduire l’empreinte CO2 de moitié en 2030. On n’en sait rien mais on peut en douter. Cette loi fut la seule que nos institutions puissent élaborer dans un contexte de confusion mentale. Elle décèle une faille du pouvoir.