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Trop d’impôt tue l’impôt

Ce que les clients du banquier Grégoire Bordier lui disent de l’initiative populaire 185.

«Si les dix contribuables les plus importants du canton s’en vont, ce sont 186 millions de recettes fiscales qui partent avec eux.» [la borne indiquant la limite entre Genève et Vaud]
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«Si les dix contribuables les plus importants du canton s’en vont, ce sont 186 millions de recettes fiscales qui partent avec eux.» [la borne indiquant la limite entre Genève et Vaud]
Grégoire Bordier
Association de Banques Privées Suisses - Président
31 mai 2023, 10h00
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«Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse», dit le proverbe. Voulons-nous vraiment le vérifier et tarir une importante source de rentrées fiscales pour le canton de Genève (environ un milliard de francs)?

L’initiative populaire 185 «Pour une contribution temporaire de solidarité sur les grandes fortunes» (IN 185) voudrait rehausser de 50% l’impôt sur les fortunes de plus de 3 millions de francs pour une période de dix ans. Et ce alors que Genève avec 1% connaît déjà le taux d’impôt sur la fortune le plus élevé de Suisse!

L’économiste américain Arthur Laffer a démontré qu’au-delà d’un certain point, l’augmentation d’un taux d’imposition ne génère pas plus, mais moins de recettes fiscales. La raison en est que les contribuables modifient leur comportement, le plus souvent en déménageant. On l’a vu récemment avec l’arrivée en Suisse (mais pas à Genève!) de millionnaires norvégiens qui ne supportaient plus la pression fiscale de leur gouvernement. A Genève, l’exil n’a pas besoin d’être aussi lointain, il suffit de franchir la Versoix.

Tous mes clients, sauf les plus âgés, me disent qu’ils n’hésiteront pas à quitter Genève si cette initiative est acceptée

Grégoire Bordier

De par ma profession, je suis en contact avec nombre de personnes fortunées. Celles-ci font partie des 3% qui paient quelque 80% de l’impôt sur la fortune genevois. Ces personnes font aussi vivre de nombreuses entreprises genevoises et participent à la vie philanthropique du canton. Je n’ai jamais eu autant de questions fiscales que sur l’IN 185. Tous, sauf les plus âgés, me disent qu’ils n’hésiteront pas à quitter Genève si cette initiative est acceptée. Qui restera-t-il alors pour payer les impôts qu’ils n’y paieront plus?

Si les dix contribuables les plus importants du canton s’en vont, ce sont 186 millions de recettes fiscales qui partent avec eux. Cela représente l’entier des 87.000 subsides d’assurance maladie supplémentaires votés par le peuple en mai 2019. En outre, ce sont 20% des nouvelles recettes fiscales espérées (41 millions sur 200 millions) qui ne se réaliseront pas. Et ces départs entraîneront un «effet domino» d’activités économiques qui quitteront Genève.

Il faut rappeler que le canton de Genève ne manque pas de recettes fiscales – il a même réalisé un excédent de 727 millions en 2022 après 49 millions en 2021. Cela est largement dû à l’impôt sur la fortune, dont les recettes ont augmenté de 450% depuis 1990, tandis que le total des impôts ne croissait que de 150% et la population d’un tiers. Pour ne pas briser cette belle dynamique, votons NON à l’IN 185!