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Transfert cognitif... vers les machines

Après l’automatisation, portée notamment par les robots, on entre dans une époque des machines (et des processus) totalement autonomes. C’est un saut dans l’inconnu pour toute notre civilisation. Par Xavier Comtesse

«Une intelligence artificielle d’imagerie médicale autonome vient d’être certifiée en Europe par la norme CE. Elle peut lire les radiographies pulmonaires sans l’intervention d’un radiologue.»
Keystone
«Une intelligence artificielle d’imagerie médicale autonome vient d’être certifiée en Europe par la norme CE. Elle peut lire les radiographies pulmonaires sans l’intervention d’un radiologue.»
Xavier Comtesse
Manufacture Thinking - Mathématicien et président
19 avril 2022, 15h00
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Notre ère est celle de l’autonomie des machines et des dispositifs électroniques. Cela veut dire qu’après l’automatisation, portée notamment par les robots, on entre dans une époque des machines (et des processus) totalement autonomes qui non seulement fonctionnent sans intervention humaine mais qui sont capables de se (re)programmer elles-mêmes si leur activité s’éloigne de leur mission première. C’est un saut dans l’inconnu pour toute notre civilisation.

Une nouvelle, cette semaine, a fait sensation: une intelligence artificielle d’imagerie médicale autonome vient d’être certifiée en Europe par la norme CE. ChestLink est son nom. Elle est capable de lire les radiographies pulmonaires sans l’intervention d’un radiologue.

Cette réalisation n’est que le début d’une longue liste de dispositifs médicaux qui vont envahir les marchés de la santé. Par exemple, les systèmes d’analyse qui étaient jusqu’à présent des automates vont devenir autonomes. Pour les systèmes de santé cela deviendra certainement de bons outils pour réduire les coûts. En effet, la majorité des radiographies en soin primaire ne présentent pas de difficultés majeures aux nouveaux dispositifs qui devraient réduire la charge de travail (et donc les coûts) d’un minimum de 15% et jusqu’à 40%, dans certains cas. Dans une période où les coups de la santé vont exploser à nouveau, cela serait prioritaire (n’est-ce pas Monsieur le conseiller fédéral Alain Berset) d’imposer ce genre de dispositif aux hôpitaux et aux médecins!

Tous les usages ne sont pas forcément pour le bien de l’humanité

Xavier Comtesse

Un autre exemple dans la machine-outil où l’apport du «machine learning» a permis de franchir un nouveau cap vers plus d’autonomie notamment avec des dispositifs de vision proposés par l’entreprise Cognex: la machine voit. Elle peut donc identifier des malfaçons et reprogrammer ses procédures de fabrication.

Chez Bobst, Willemin-Macodel, Tornos et un peu partout en Romandie, on explore de nouvelles possibilités afin de rendre les machines plus autonomes. Pour l’industrie, c’est vraiment un tournant exceptionnel. C’est leur 4e révolution. Mais c’est aussi la nôtre.

Tous les usages ne sont pas forcément pour le bien de l’humanité, car aujourd’hui les armées s’équipent de plus en plus en systèmes d’armes létales autonomes (SALA ou en anglais LAW pour Lethal Autonomous Weapon). Ces armes, parfois appelées aussi Robot Tueur, sont capables de tuer en mission. Par exemple, des drones vont observer une région, tout en écoutant les réseaux de télécommunication jusqu’à ce qu’un téléphone mobile fasse un appel. À ce moment seulement le drone va lâcher sa bombe sur l’objectif ainsi déterminé. Le porteur du mobile n’a plus aucune chance d’échapper à son destin.

Ces trois exemples devraient nous montrer à quel point nous entrons vraiment dans une nouvelle ère civilisationnelle.

Que l’on appelle cela la 4e révolution industrielle ou pas, c’est sans conteste un moment de rupture profond peut-être du même ordre que la découverte du feu, de l’agriculture ou de l’écriture. Rendez-vous compte, nos capacités cognitives gagnent les machines ou autres dispositifs autonomes. C’est comme si notre cerveau nous quittait un peu!