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Tous des animaux domestiques!

Comment l'intelligence artificielle peut faire mieux que les humains. Et comment y répondre. Par Xavier Comtesse.

«Quel destin voulons-nous? Si l’on cherche la compétition, on risque de perdre quoi qu’il arrive.»
KEYSTONE
«Quel destin voulons-nous? Si l’on cherche la compétition, on risque de perdre quoi qu’il arrive.»
Xavier Comtesse
Manufacture Thinking - Mathématicien et président
07 novembre 2022, 12h04
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Elon Musk n’est pas à une provocation près: «Human will be pets of AI» («Les humains seront les animaux de compagnie de l'intelligence artificielle»). C’est comme cela qu’il voit notre avenir à tous! Bien sûr, ici ce n’est qu’une parole en l’air mais attention cela pourrait tout de même nous arriver. En effet, l’IA a tellement progressé ces derniers mois que cette affirmation commence petit à petit à prendre corps.

Prenons trois exemples récents.

D’abord, on peut faire faire gratuitement à l’IA des graphismes, des dessins ou des tableaux qui en quelque sorte se rapprochent des compétences artistiques humaines. Ces applications s’appellent Dalle-e ou Craiyon permettant à chacun d’accéder à la création artistique gratuitement (depuis quelques jours seulement). C’est nouveau. Le monde des gens ordinaires s’ouvre à l’art!

Ensuite, il y a tous ces générateurs de texte issus de GPT3 (OpenAi) comme Jasper et bien d’autres. Conçu pour le marketing, ils envahissent les blogs et demain les médias avant de toucher la littérature. Les élèves s’en régalent, ils ont enfin une aide qui fait tout le travail avec vérificateur d’orthographe, traducteur automatique et anti-plagiat incorporé. L’avenir des professeurs de français et de langues paraît bien sombre.

Enfin, ces nouveaux générateurs de texte qui savent programmer. Bluffant! Pour Laurent Chatelanat, CEO de Olympe.io il n’y a pas de doute à avoir. Le monde de l’informatique s’apprête à vivre sa plus grande révolution: les machines vont programmer elles-mêmes les machines à l’aide de petites briques de software. Cela va améliorer considérablement la productivité. La seule chose en question: Qui de l’homme ou de la machine va dicter à celle-ci la route du progrès?

Historiquement, on avait vu l’IA surtout comme compétiteur de l’homme. Souvenez-vous, tout a commencé en 1997 avec le jeu d’échecs et l’ordinateur Deep Blue d’IBM contre le champion du monde Garry Kasparov. La machine gagna.

Il ne nous reste qu’une issue: «être d’intelligence avec l’IA»

Xavier Comtesse

Puis on passa au jeu «Jeopardy» en 2011 toujours avec IBM (Watson) qui sortit victorieux de la compétition. Ensuite DeepMind (Google 2014/2015) commença à battre régulièrement les meilleurs joueurs de go pour continuer par jouer contre elle-même (on finit par ne plus comprendre son jeu et on arrêta l’expérience). En 2017 l’Université de Carnegie Mellon a programmé une IA (Pluribus) pour se défaire de joueurs professionnels de Poker.

L’histoire de cette rivalité ne s’arrêta pas là. Cet été, l’Université de Zurich dans une course effrénée de drones intelligents a battu les champions mondiaux de la discipline. L’IA a fini par gagner à chaque coup. La compétition est engagée pour la suite.

Mais devons-nous poursuivre sur ce chemin ou bien trouver une autre issue?

C’est une question essentielle, voire existentielle. Quel destin voulons-nous? Si l’on cherche la compétition, on risque de perdre quoi qu’il arrive. Alors, ne devrions-nous pas chercher une solution plus élégante -pour nous- avant de finir comme des animaux domestiques?

À bien y réfléchir, il ne nous reste qu’une issue: «être d’intelligence avec l’IA» car, comme le dit si clairement l’expression: «If you can’t beat them, join them» («Si vous ne pouvez les battre, faites équipe avec eux».