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Renaissance du nucléaire?

Attention aux naïves croyances dans les miracles technologiques. Par Jacques Neirynck

«Pour les cinq cents réacteurs en service dans le monde, il y eut cinq fusions de cœurs: la fréquence d’un accident majeur est donc d’une chance sur cent durant la durée de vie du réacteur.»
KEYSTONE
«Pour les cinq cents réacteurs en service dans le monde, il y eut cinq fusions de cœurs: la fréquence d’un accident majeur est donc d’une chance sur cent durant la durée de vie du réacteur.»
Jacques Neirynck
Ancien conseiller national
04 septembre 2023, 15h00
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La conseillère nationale (PLR/SG) Susanne Vincenz-Stauffacher, présidente désignée de l’Association suisse pour l’aménagement des eaux, propose de construire des centrales atomiques, mais seulement «de nouvelle génération». C’est sa réponse à cette pénurie d’électricité qui menace chaque hiver de plus en plus.

Dans la conjoncture actuelle, c’est-à-dire une production croissante de CO2, un réchauffement accéléré de la planète, l’incapacité politique de mettre en œuvre l’énergie renouvelable, on peut décrire le système technique comme étant aux soins palliatifs: on n’essaie pas vraiment de le guérir mais de lui assurer une fin de vie dans l’inconscience.

L’emploi de combustibles fossiles aurait dû se réduire, mais ce ne fut pas le cas. L’Agence internationale de l’énergie revoit à la hausse ses prévisions de la demande mondiale de pétrole en 2023, qui s’achemine vers son «niveau le plus élevé jamais enregistré» pour atteindre 102,2 millions de barils par jour.

Le solaire et l’éolien, qui sont des solutions définitives, ne couvrent encore que quelques pourcents de la consommation suisse, parce qu’ils se heurtent tantôt à l’inertie des autorités, tantôt à la contestation des opposants. Ce n’est pas une fatalité: certains pays produisent une fraction importante de leur électricité avec des éoliennes, tels l’Irlande (30,3%) et le Danemark (48.6%). En Autriche, 1374 éoliennes sont en service contre 37 en Suisse: les deux pays sont cependant semblables aussi bien pour la topographie que pour les institutions; la différence est le pouvoir populaire en Suisse qui dispose d’un droit de recours contre les décisions administratives au point de les paralyser.

Quel que soit l’investissement dans des mesures de sécurité, nous courrons toujours un risque non nul

Jacques Neirynck

Faute d’autre solution, l’opinion politiquement correcte consiste maintenant à répéter que les centrales nucléaires doivent fonctionner aussi longtemps que leur sécurité est assurée. On suppose confusément que celle-ci, diminuant avec le temps, peut être améliorée par des travaux adéquats. La conseillère nationale Vincenz-Stauffacher conjecture en plus qu’une «nouvelle génération», serait parfaitement sûre, ce qui est faux.

La sécurité absolue est la garantie qu’un accident majeur, la fusion du cœur, ne se produise jamais. Pour les cinq cents réacteurs en service dans le monde, il y eut cinq fusions de cœurs: la fréquence d’un accident majeur est donc d’une chance sur cent durant la durée de vie du réacteur. Quel que soit l’investissement dans des mesures de sécurité, nous courrons toujours un risque non nul. Les accidents majeurs connus ont été provoqués soit par des erreurs humaines, soit par un phénomène naturel. Rien ne permet d’exclure ces facteurs par le progrès technique. Avec la technologie de 1970 on a couru un risque certain, qui s’est matérialisé avec une ampleur imprévue et désastreuse.

Maintenant que ces centrales existent, il n’y a rien à faire que d’attendre en croisant les doigts. Pour les croyants, reste la possibilité de faire une neuvaine de prières. Le recours rituel au nucléaire s’évertue à repousser la fatalité d’une pénurie d’électricité par le fantasme d’une énergie qui serait inépuisable, bon marché, sans danger et non polluante. C’est une naïve croyance au miracle de la technique.

Commentaires 1

L' Allemagne en utilisant l'Europe et les mouvements écologiques a réussi à démanteler l'EDF et le savoir nucléaire français, la France n'a plus d'entreprise et de personnel qualifié pour pouvoir construire des nouvelles centrales, il faudra alors faire appel aux Russes, avec la perte de neutralité suisse cela parait compliqué.

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Christian Roche
04.09.2023