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Réchauffement climatique: les entreprises peuvent agir

Pour atteindre la neutralité carbone en 2050, il faudra cependant procéder à des investissements massifs. Par Véronique Kämpfen

«Il va falloir diviser par deux les émissions de gaz à effet de serre de la Suisse d’ici à 2030» (photo: les glaciers Pers et Morteratsch, victime de l'été caniculaire de 2022).
KEYSTONE
«Il va falloir diviser par deux les émissions de gaz à effet de serre de la Suisse d’ici à 2030» (photo: les glaciers Pers et Morteratsch, victime de l'été caniculaire de 2022).
Véronique Kämpfen
FER Genève - Directrice de la communication
01 septembre 2022, 19h30
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Si le réchauffement climatique continue au rythme actuel, nous risquons de voir une augmentation des températures de 3,2°C à d’ici à 2100. Pas grave? Si. Terrifiant.

La montée des eaux submergerait des zones très peuplées, menaçant le lieu d’existence de 270 millions de personnes. On peut penser à Shanghai, Hong Kong ou Miami. La chaleur serait telle sous les tropiques qu’il deviendrait impossible de travailler en extérieur. Les épisodes météorologiques extrêmes seraient multipliés par cinq.

La Suisse s’est engagée à respecter les Accords de Paris, qui visent à réduire les émissions pour maintenir la hausse des températures à 1,5°C d’ici à 2050. Ce n’est pas gagné. Il va falloir diviser par deux les émissions de gaz à effet de serre de la Suisse d’ici à 2030. Le nouveau projet de révision de la loi sur le CO2 reconduit les instruments ayant fait leurs preuves, comme la taxe sur les combustibles fossiles, qui est la plus élevée au monde, et se concentre notamment sur les secteurs à fortes émissions que sont le bâtiment et la mobilité.

Alors que le bâtiment a fait des efforts notables depuis 1990, en réduisant ses émissions de 35%, le transport les a augmentées de 0,8%. L’industrie (-18%) et l’agriculture (-14%) ont aussi réduit leurs émissions. La tendance va globalement dans la bonne direction, mais les efforts doivent s’accélérer.

Les entreprises peuvent-elles s’engager fermement à réduire leurs émissions? C’était la question d’une des participantes à la soirée d’ouverture du festival Alternatiba, à laquelle j’étais invitée cette semaine. La réponse est mitigée. Un grand nombre le fait déjà, notamment par le biais de conventions d’objectifs avec l’Agence de l’énergie pour l’économie. Les 4256 entreprises engagées ont réduit leurs émissions de CO2 de plus de sept cent mille tonnes, dépassant les objectifs initialement fixés. En plus d’améliorer l’environnement, les conventions d’objectifs permettent, pour partie, d’obtenir un remboursement de la taxe CO2. De très nombreuses autres initiatives existent, comme Go for impact, WWF Science Based Targets ou encore Swiss Triple Impact, qui connaissent un succès croissant.

Une chance pour l’économie: l’innovation est stimulée, de nouveaux marchés apparaissent

Véronique Kämpfen

Au-delà des initiatives volontaires, certaines entreprises sont contraintes d’abaisser leurs émissions et doivent en rendre compte, tant à l’international qu’en Suisse. Le contreprojet à l’initiative sur les multinationales prévoit ainsi que les entreprises soumises à la Finma, sous certaines conditions, auront l’obligation à rendre des comptes sur les questions climatiques. En tant que fournisseurs de ces entreprises, les PME seront bien inspirées d’appliquer les recommandations de l’ordonnance, si elles entendent rester compétitives sur leur marché. La transparence et la communication sur ces sujets deviennent clé.

La réduction des gaz à effet de serre en Suisse passe par une mutation économique en profondeur. Une chance pour l’économie: l’innovation est stimulée, de nouveaux marchés apparaissent.

Pour atteindre la neutralité carbone en 2050, il faudra cependant procéder à des investissements massifs qui permettront le recours à des technologies respectueuses du climat et le remplacement des activités à fortes émissions de CO2 par des activités décarbonées. L’Association suisse des banquiers a calculé qu’il faudra 12,9 milliards de francs par année pour y arriver. La bonne nouvelle, c’est que la place financière suisse est en mesure d’en financer l’immense majorité.

Les constats sont posés. Il nous appartient, collectivement, de faire pencher la balance tant par nos choix politiques que par notre comportement quotidien.