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L’agriculture suisse otage des antispécistes

Par Véronique Kämpfen

«Dans les faits, l’élevage de masse n’a pas cours en Suisse. L’exiguïté du territoire ainsi que les normes légales particulièrement strictes, qui imposent notamment un nombre maximal d’animaux par exploitation, excluent de fait un tel scénario.»
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«Dans les faits, l’élevage de masse n’a pas cours en Suisse. L’exiguïté du territoire ainsi que les normes légales particulièrement strictes, qui imposent notamment un nombre maximal d’animaux par exploitation, excluent de fait un tel scénario.»
Véronique Kämpfen
FER Genève - Directrice de la communication
15 juillet 2022, 15h18
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«Pas d’élevage intensif en Suisse!» C’est l’injonction d’une initiative, sur laquelle les Suisses voteront le 25 septembre prochain. Le slogan est puissant et évoque les images issues d’exploitations innommables, qui s’assoient sur la dignité animale. Il laisse entendre que ce fléau est présent en Suisse. Ce n’est pas le cas, notre pays disposant d’une des législations les plus strictes au monde en matière de bien-être animal. L’objectif de l’initiative est à chercher ailleurs.

Son but est avant tout d’agir sur la consommation de viande en Suisse. Ce n’est pas étonnant, une association aux visées antispécistes se trouvant derrière les auteurs. Ces derniers auraient pu choisir d’annoncer franchement la couleur, en imposant aux Suisses un régime alimentaire particulier. Au lieu de cela, ils ont préféré écorner l’image de l’agriculture, en la faisant passer pour ce qu’elle n’est pas. Cette méthode est trompeuse et indigne.

L’objectif du texte posé, intéressons-nous à ses requêtes et à ses conséquences. Il interdit l’élevage industriel, qui vise un rendement intensif et qui ne tient pas compte du bien-être animal. Il impose des standards particulièrement élevés en matière de détention, d’accès à l’air libre ou encore d’abattage, et exige que le label bio soit étendu à l’ensemble de la production agricole.

Dans les faits, l’élevage de masse n’a pas cours en Suisse. L’exiguïté du territoire ainsi que les normes légales particulièrement strictes, qui imposent notamment un nombre maximal d’animaux par exploitation, excluent de fait un tel scénario. En contraignant au respect des normes bio, et en relevant encore les conditions de détention, l’initiative augmentera fortement le coût de la production agricole.

Le consommateur n’aura plus le choix qui existe actuellement et sera confronté à une offre locale réduite, à un coût plus élevé. L’objectif de le détourner de la consommation de viande suisse sera atteint, mais pas forcément celui de la réduction de la consommation de viande. Et c’est là que le bât blesse: les importations de produits étrangers, répondant à des exigences bien moindres que celles imposées aujourd’hui déjà en Suisse, se poursuivront, voire augmenteront, les consommateurs risquant de les préférer aux produits suisses pour des raisons de budget familial. L’initiative prévoit certes que les importations devront répondre aux conditions qu’elle impose, mais cette obligation est inapplicable, étant contraire aux engagements internationaux de la Suisse.

La Suisse peut être fière de son agriculture. La qualité de sa production y est élevée, qu’elle soit bio ou non et les standards de protection animale particulièrement hauts. Ce texte est une énième attaque contre un secteur qui est déjà soumis à une forte concurrence étrangère. Il ferait drastiquement baisser notre taux d’autoapprovisionnement alimentaire en matière de production de poulet, d’œufs, ou encore de porc. Tout cela au profit de la production étrangère, sans garantie de qualité ou de protection de la dignité animale. Une hypocrisie sur le dos de notre agriculture.