La hausse des primes maladie annoncée pour l’automne fait grincer des dents dans les ménages. Cette semaine, le parlement fédéral s’est penché sur une initiative du Centre qui propose une solution pour tenter de sortir de l’impasse. D’ores et déjà combattue par la gauche et par la droite, elle a pour seul mérite de relancer le débat.
Le Conseil fédéral se voit contraint de proposer un contre-projet, qui pourtant rate complétement sa cible. Il propose le plafonnement des coûts, un système éprouvé de longue date dans certains pays comme les Pays-Bas et l’Allemagne – qui connaît un système de rationnement trimestriel –, mais qui s’avère être un flop. Non seulement les coûts ne sont pas maîtrisés – aux Pays-Bas, ils ont même évolué à long terme de manière moins favorable qu’en Suisse – mais une fois le plafond des coûts atteint, les patients au bénéfice uniquement de l’assurance de base doivent patienter jusqu’au prochain trimestre, si on prend l’exemple allemand, pour pouvoir se faire soigner.
Conscient de ce problème, le Conseil fédéral ne souhaite pas voir les soins s’arrêter une fois le quota atteint – encore heureux – mais les soignants et les pouvoirs publics devront s’expliquer sur les raisons du dépassement et des mesures de rétorsion pourraient être prises l’année suivante. Il serait de toute façon impossible de mettre en place un système de plafonnement des coûts à l’allemande en Suisse, la LaMal garantissant l’accès en tout temps aux prestations telles que définies dans l’assurance obligatoire des soins.
Encourager l’ambulatoire, globalement moins cher, ce qui contribuerait à faire baisser les coûts généraux de la santé aussi bien que les primes
Véronique Kämpfen
Notre système de santé recèle pourtant un potentiel d’optimisation considérable, dont on peine à comprendre pourquoi il n’a pas encore été réalisé. Il s’agit du financement uniforme des soins ambulatoires et hospitaliers.
Actuellement, plus on réalise d’opérations en mode ambulatoire – le patient ne doit pas passer la nuit à l’hôpital – plus les primes maladies augmentent, alors même que les soins ambulatoires coûtent moins chers que les soins stationnaires (avec au moins une nuit à l’hôpital). Pourquoi? Parce que l’ambulatoire est pris en charge à 100% par les caisses maladie, alors que les soins stationnaires sont pris en charge à 55% par les cantons.
Opérer une hernie inguinale en ambulatoire coûte ainsi 3032 francs contre 4760 francs en stationnaire. En raison du système de prise en charge des coûts, les caisses maladie paient cette opération ambulatoire 3032 francs, contre 2142 francs en stationnaire. Absurde? Oui.
Les pistes pour mettre en place le financement uniforme évoquent une prise en charge de 25,5% par les cantons et le reste à la charge des caisses maladie. De cette manière, l’ambulatoire, globalement moins cher, serait encouragé, ce qui contribuerait à faire baisser les coûts généraux de la santé aussi bien que les primes.
Cette proposition est appuyée par tous les acteurs concernés – caisses maladie, hôpitaux, médecins, défenseurs des consommateurs – sauf par les cantons. Ils demandent notamment que les soins en EMS et à domicile soient aussi inclus dans la réforme. Ces discussions bloquent le dossier depuis… 2009! Il est temps qu’elles aboutissent. Parce que pendant ce temps, les primes continuent à monter.