L’augmentation de l’âge de la retraite des femmes d’une année fait couler beaucoup d’encre. Les opposants expliquent urbi et orbi que les femmes arrivent épuisées à l’âge de la retraite et qu’au lieu de l’augmenter, il faudrait le diminuer.
Cette vision est cependant incomplète. Il y a bien entendu un certain nombre de personnes qui partent en retraite avant l’âge terme. Certaines branches, comme le gros œuvre, l’ont expressément prévu dans leur convention collective de travail.
En revanche, on oublie trop souvent qu’en Suisse, 36% des hommes et 28% des femmes continuent une activité rémunérée au-delà de l’âge terme. A 74 ans, 14% d’hommes et 7% de femmes sont encore professionnellement actifs.
De plus en plus de voix s’élèvent pour demander une flexibilisation de l’âge de la retraite, un âge de référence ne devant être utilisé que pour calculer la rente. Un seuil de départ à la retraite, présenté comme une fatalité immuable, quel que soit l’âge en question, est néfaste par rapport à des efforts de formation continue et à l’évolution de la carrière. Nombreux sont celles et ceux qui se sentent mis sur la touche à partir d’un certain âge, voire qui se mettent, plus ou moins consciemment, en veilleuse. Cela nuit non seulement à l’évolution de ces personnes, certes âgées mais surtout compétentes, mais aussi à leur estime de soi, vecteur indispensable d’une vie professionnelle et privée épanouie.
C’est l’un des grands avantages de la réforme AVS 21, soumise au peuple en septembre: il sera possible de percevoir une rente entre 63 et 70 ans. De plus, un passage progressif de la vie active à la retraite sera réalisable, grâce à l’anticipation ou à l’ajournement d’une partie de la rente. Il y aura donc des incitations à poursuivre l’activité lucrative après 65 ans, tout en permettant une retraite anticipée.
Tâchons de tout mettre en œuvre pour ces années de vie supplémentaires se passent dans l’environnement financier le plus serein et prévisible possible
Véronique Kämpfen
Bien sûr, ce n’est pas une raison pour évacuer la problématique de l’augmentation de l’âge terme de la retraite des femmes de 64 à 65 ans. Des mesures compensatoires sont prévues sur 9 ans, comprenant un supplément de rente à vie, dont le montant varie selon l’année de naissance et le revenu.
Une période de vastes discussions s’ouvre sur la question de l’AVS, mais aussi sur celle du projet de réforme du deuxième pilier. Dans ce contexte, il est intéressant de suivre une initiative parlementaire fédérale, qui demande d’augmenter les montants déductibles fiscalement dans le troisième pilier. Actuellement, ils sont de 6883 francs pour les personnes physiques et de 34.416 francs pour les indépendants. L’initiative demande de les augmenter à 15.000 francs, respectivement 45.000 francs. Une manière d’inciter à construire sa retraite sur plusieurs axes, la prévoyance facultative individuelle qu’est le troisième pilier pouvant utilement compléter les deux autres.
Le nombre d’années que nous passerons à la retraite n’a cessé de s’allonger, l’espérance de vie étant de 85 ans pour les femmes et de 81 ans pour les hommes, alors qu’elle était respectivement de 80 et 74 ans en 1990. Tâchons de tout mettre en œuvre pour ces années de vie supplémentaires se passent dans l’environnement financier le plus serein et prévisible possible.