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Indispensable réforme de l’AVS

Les finances du premier pilier de la retraite n'ont été que temporairement améliorées par l’acceptation de RFFA. Par Véronique Kämpfen

«L’espérance de vie en Suisse est l’une des plus élevée au monde: en 2019, elle se montait à 81,9 ans pour les hommes et à 85,6 ans pour les femmes.»
Keystone
«L’espérance de vie en Suisse est l’une des plus élevée au monde: en 2019, elle se montait à 81,9 ans pour les hommes et à 85,6 ans pour les femmes.»
Véronique Kämpfen
FER Genève - Directrice de la communication
11 mars 2022, 7h00
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Lors de la dernière session du Grand conseil genevois, un député des rangs de gauche s’est exclamé en disant que jamais son bord politique n’accepterait une hausse de l’âge de départ à la retraite des femmes, sous les applaudissements de son groupe. Il aurait cependant tort de s’enferrer dans cette posture, qui ne résiste pas à l’épreuve des chiffres. L’AVS va mal, et il faut trouver des solutions pour que les futures générations puissent continuer à en profiter.

L’espérance de vie en Suisse est l’une des plus élevée au monde: en 2019, elle se montait à 81,9 ans pour les hommes et à 85,6 ans pour les femmes. L’espérance de vie au moment de la retraite est encore plus élevée: 20 ans pour les hommes (avec une retraite à 65 ans) et 22,7 ans pour les femmes (avec une retraite à 64 ans). En 1948, lorsque l’AVS a été créée, cette espérance de vie était de 12 ans pour les hommes à la retraite et de 14 ans pour les femmes. L’AVS doit donc servir des rentes beaucoup plus longtemps que par le passé. Sa situation financière s’aggrave sous l’effet d’un facteur supplémentaire: le déséquilibre entre les personnes actives (donc en âge de travailler) et les retraités. En 1948, il y avait 6,4 actifs pour un retraité, soit un nombre élevé de personnes qui cotisaient pour payer solidairement les rentes. Aujourd’hui, on compte à 3,2 actifs pour un retraité et les projections démographiques montrent qu’il n’y aura plus que 2,1 actifs pour un retraité en 2050.

Harmoniser l’âge de départ à la retraite des femmes et des hommes fait sens

Véronique Kämpfen

Les finances de l’AVS ont temporairement été améliorées par l’acceptation de RFFA, la réforme de l’imposition des entreprises et financement de l’AVS, qui a introduit un relèvement du taux de cotisation à l’AVS depuis 2020, l’attribution à cette assurance de la totalité du point de TVA lié à la démographie et la hausse de la contribution fédérale. Ainsi, en 2020, les recettes de l’AVS (46,6 milliards de francs) ont tout juste pu couvrir les dépenses (46 milliards). Cet équilibre est fragile et ne résistera pas longtemps au vieillissement de la population.

Quelles sont les solutions sur la table pour éviter le trou financier? En plus de l’harmonisation de l’âge de référence des hommes et des femmes à 65 ans, qui se fera de manière progressive avec des mesures de compensation pour les femmes concernées, le projet de stabilisation de l’AVS, sur lequel nous allons voter, relève la TVA de 0,4 point. Des incitations à poursuivre l’activité lucrative au-delà de 65 ans sont également prévues, avec notamment la prise en compte des cotisations versées après 65 ans pour le calcul de la rente. Enfin, la flexibilité de la prise de retraite entre 63 et 70 ans est introduite.

Harmoniser l’âge de départ à la retraite des femmes et des hommes fait sens si l’on tient compte des facteurs susmentionnées, même si les premières peuvent avoir le sentiment que les réformes envisagées se font sur leur dos. Les mesures compensatoires à l’adresse des premières cohortes de femmes arrivant à l’âge butoir sont précisément là pour les aider. Si l’on ne fait rien, les rentes AVS des futures générations se réduiront comme peau de chagrin. Les premières à en souffrir seront les femmes, qui vivent plus longtemps que les hommes.