Starlink est une constellation de satellites (aujourd’hui environ 3200) qui offre un service internet à une large partie du monde notamment reculée comme les océans ou les zones arides. Le déploiement de ces satellites à orbite basse est à mi-chemin d’être complété. Entre 1,5 et 2 millions d’usagers profitent d’une telle liaison rapide (environ 100 mégabits), ce qui est tout à fait comparable à ce que l’on trouve sur le marché des télécoms.
En 2023, Starlink prévoit de faire 40% des résultats de SpaceX (soit 3,2 milliards des 8 milliards), la société de lanceurs d’Elon Musk, dont elle est une branche. Aujourd’hui, il y a quatre formules d’abonnements: une pour le fixe, le «résidentiel» (bon marché à 40 euros/mois) et trois pour la mobilité: le «roam», la «mobilité» et le «maritime» et bientôt l’«aviation». Ces derniers forfaits sont beaucoup plus chers. Le hic c’est qu’il faut une antenne terrestre pour atteindre les satellites. Elle vient en kit pour 10 euros de frais mensuel supplémentaire. Ce n’est finalement pas si cher et il y a de la marge pour baisser les prix le jour où la couverture terrestre sera complète.
Salt s’est empressé de signer un accord pour la Suisse avec lui au printemps. Mieux vaut prévenir que guérir!
Xavier Comtesse
Quelle est la véritable mission de Starlink? Sachant que depuis le début des lancements en 2018, Elon Musk a changé plusieurs fois de vision.
Il est clair que le jour où le réseau sera achevé, le pouvoir d’Elon Musk sera immense. Imaginez-vous le monde des télécoms avec lui comme partenaire! Avec Starlink il pourra dicter les prix, les vitesses de connexions, les zones couvertes. Bref, il sera l’acteur dominant qui aura quasiment le droit de vie ou de mort sur les autres. Salt s’est empressé de signer un accord pour la Suisse avec lui au printemps de cette année. Mieux vaut prévenir que guérir!
Une guerre des télécoms se prépare. Seul contre tous, car aucun des autres projets de constellation de satellites ne pourra être déployé avant lui: ni OneWeb, ni Viasat ou Telsat. Le leadership d’Elon Musk semble total.
Mais que peut-il vraiment faire?
Trois hypothèses:
1. Viser en priorité le grand public et baisser les prix afin d’acquérir des parts de marché significatives.
2. Viser les entreprises et offrir des services très sécurisés et performants. Une stratégie sur les marges.
3. Ou alors une combinaison des deux afin d’éliminer la concurrence.
Mon avis, c’est qu’il a déjà choisi la troisième option. Son offre actuelle vise tous les marchés. Il veut les marges et les volumes. C’est une stratégie dite «transformationnelle» (cf. général Currie qui a inventé celle-ci lors de la bataille de la crête de Vimy, Première Guerre mondiale) qui permet en gros d’aller là où cela marche.
Quel monde cela nous réserve?
D’abord, les télécoms ne seront plus nationales mais supranationales voire mondiales, fini les Swisscom et autre France Telecom.
Ensuite, les services télécoms passeront par internet y compris les services tels que télévisions et radios.
Enfin, les vidéos et notamment les jeux occuperont la grande partie de la bande passante.
Le monde change, les télécoms aussi mais peut-être pas Elon Musk!