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Pour réformer le système de santé, suivre l'exemple nippon

En Suisse, la prévention n’est pas véritablement prise au sérieux. Ce n'est pas le cas au Japon. Par Philippe D. Monnier

«Ce n’est pas le fruit du hasard si la population japonaise vit longtemps en bonne forme et cela moyennant des coûts raisonnables de la santé.»
KEYSTONE
«Ce n’est pas le fruit du hasard si la population japonaise vit longtemps en bonne forme et cela moyennant des coûts raisonnables de la santé.»
Philippe D. Monnier
Entrepreneur et administrateur
02 novembre 2022, 17h16
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Le système de santé est non seulement un sujet d’actualité permanent mais également un facteur important dans la compétitivité d’une nation. Alors que l’absence de solution miracle est une certitude, les caractéristiques d’un système asiatique pourraient bien nous inspirer. J’ai d’ailleurs expliqué les contours de ce système – avec mon propre dossier médical à l’appui – à une multitude de médecins suisses, à plusieurs conseillers d’Etat en charge de la santé et même à notre conseiller fédéral Alain Berset. La réaction a été unanime: «C’est un système de rêve mais il n’est pas facile à mettre en place en Suisse.»

Permettez-moi donc de vous présenter une partie du système de santé au Japon, le pays de ma belle-famille. C’est d’ailleurs dans ce pays que j’ai passé une partie de mon enfance (à la japonaise) et où j’ai créé et dirigé plusieurs entreprises. D’ailleurs, je ne vous cache pas que cela fait belle lurette que j’effectue la totalité de mes examens médicaux dans l’archipel.

Une petite observation préliminaire: la plupart des Occidentaux de plus de 50 ans souffrent de trois maladies non transmissibles (diabète, hypertension et excès de cholestérol) dues à une mauvaise hygiène de vie. Pour certaines entreprises pharmaceutiques, cette situation est sans doute une belle source de profits car ces malades sont pratiquement condamnés à ingurgiter quotidiennement des médicaments contre ces trois fléaux chroniques.

Presque tous les adultes japonais se soumettent annuellement à un examen médical d’une journée entière, généralement aux frais de leurs employeurs

Philippe D. Monnier

Au Japon, presque la totalité des adultes se soumettent annuellement à un examen médical d’une journée entière, généralement aux frais de leurs employeurs (environ 500 francs). Concrètement, vous arrivez tôt le matin dans une clinique spécialisée et vous commencez par remettre une série d’échantillons et un long formulaire informatisé.

Ensuite, toutes les quinze minutes, vous passez par un examen différent, sous la conduite de médecins infiniment rodés à l’utilisation d’appareils médicaux du dernier cri. Tous les organes clés sont auscultés, y compris l’estomac grâce à une endoscopie interminable. Féru d’efficience industrielle, je suis systématiquement admiratif de l’utilisation maximale des actifs dans ces cliniques et donc du contrôle des coûts. Naturellement, toutes les données médicales sont stockées numériquement.

A la fin de la journée (une fois que vous êtes remis de l’endoscopie), un médecin évalue vos résultats. Il vous avertira peut-être que «si vous continuez dans la tendance de ces cinq dernières années, vous devrez commencer à prendre des médicaments contre telle maladie transmissible dans une dizaine d’années». Et d’ajouter: «Mais voilà ce vous pouvez faire pour vous éviter ces désagréments.» Un tel message incite assurément les patients à prendre des mesures bien avant qu’il ne soit trop tard.

Naturellement, de nombreuses autres maladies – par exemple des cancers – sont également détectées très précocement. En conclusion, ce n’est pas le fruit du hasard si la population japonaise vit longtemps en bonne forme et cela moyennant des coûts raisonnables de la santé.