Depuis des semaines, les défis énergétiques focalisent l’attention. On en aurait presque oublié les autres difficultés auxquelles les entreprises font face actuellement. C’est ce que montre une étude réalisée par Economiesuisse. Malgré une légère détente cet été, près de 60% des entreprises interrogées continuent de faire face à des problèmes d’approvisionnement en matériaux et produits semi-finis, en tête desquels les semi-conducteurs.
Sur le front de la main-d’œuvre qualifiée, la pénurie s’est encore creusée par rapport à mai dernier. A ce moment-là, un quart des entreprises sondées indiquait rencontrer des difficultés à recruter. En septembre, la part des entreprises concernées avait augmenté à 35%.
Alors que les nuages déjà existants persistent, les entreprises sont désormais aussi secouées par d’autres tourmentes dues à la flambée des prix de l’électricité et du gaz. Certaines d’entre elles font état de coûts d’approvisionnement en électricité huit fois plus élevés qu’il y a un an. Le prix du gaz a lui presque quadruplé depuis le début de l’année, et celui de l’essence augmenté de plus de 50%.
Des pannes ou des interruptions de l’approvisionnement en électricité auraient des effets dévastateurs
Corine Fiechter
A cela s’ajoute le risque de manquer de gaz ou d’électricité cet hiver. Plus de la moitié des secteurs interrogés disent qu’ils seraient très fortement touchés par une pénurie d’énergie, et un tiers assez fortement touchés. Pour se préparer à d’éventuelles pénuries, les entreprises se concentrent actuellement surtout sur des adaptations pour améliorer leur efficacité énergétique et gagner en flexibilité. Environ un tiers d’entre elles prévoient d’investir davantage dans l’efficacité énergétique et des sources d’énergie renouvelable.
Cependant, les investissements s’inscrivent par nature dans une perspective à long terme. Et d’autres moyens comme les groupes électrogènes de secours ne sont pas adaptés à tous les secteurs d’activité. En cas de rationnement, une partie des entreprises pourrait certes maintenir sa production, mais devrait la restreindre, ce qui a bien entendu un coût. Pour une grande partie d’entre elles, un rationnement serait encore plus grave: un tiers des entreprises affirment qu’elles ne pourraient pas maintenir leur activité en cas de réduction de l’approvisionnement en électricité et en gaz. Cela concerne en particulier les installations de production. Toutefois, la disponibilité de l’énergie constitue l’aspect le plus important: tous secteurs confondus, les entreprises interrogées indiquent que des pannes ou des interruptions de l’approvisionnement en électricité auraient des effets dévastateurs.
Plutôt que d’opposer ménages et économie, comme on l’on entend ici et là, il serait donc utile de rappeler que les entreprises, ce sont des millions d’emplois – et donc autant de personnes. Des personnes qui ont besoin d’un salaire pour vivre, mais aussi de biens, que produisent précisément les entreprises. A nous tous donc de tirer ensemble à la même corde pour que les nuages ne viennent pas obscurcir encore notre ciel déjà bien perturbé.