Qu’arrivera-t-il à votre entreprise s’il y a une grosse panne de courant? si les transports sont perturbés? si votre fournisseur vous fait faux bond? Incidents graves, catastrophes naturelles ou conflits politiques peuvent causer d’énormes dommages aux entreprises, surtout lorsqu’elles sont prises au dépourvu. L’Etat appuie le secteur privé en cas de pénuries graves. Il incombe toutefois aux entreprises de se préparer aux risques et pannes en gérant la continuité de leurs activités.
Telle est l’introduction de la brochure «Ma petite entreprise ne connaît pas la crise», éditée en 2011 par l’Office fédéral pour l’approvisionnement économique du pays (OFAE). On ne saurait mieux dire en ce printemps 2022, où les annonces de pénurie se multiplient.
Pénurie de fournitures tout d’abord depuis la pandémie de COVID-19, mais pénurie aggravée désormais par la politique «zéro COVID» de la Chine, qui se traduit notamment par des embouteillages géants de porte-conteneurs dans le mégaport maritime de Shanghai. Et, bien entendu, pénurie aggravée encore par l’agression militaire russe contre l’Ukraine, notamment pour ce qui concerne la construction automobile.
L’UE et la Confédération peuvent avant tout compter sur leurs stocks respectifs de produits pétroliers
Patrick Eperon
Pénurie de transports ensuite, du fait tout d’abord des embouteillages maritimes précités. Mais aussi du fait de l’invasion russe de l’Ukraine, qui paralyse une bonne partie du trafic en Mer Noire et pousse de nombreux chauffeurs routiers ukrainiens à se battre contre la Russie, d’où une pénurie aggravée de chauffeurs en Europe.
Pénurie alimentaire par ailleurs pour de nombreux pays d’Afrique, dépendants des fournitures de blé ukrainien bloquées par la Russie, au point qu’une agence de l’ONU dit craindre des famines touchant des millions de personnes.
Pénurie prévisible enfin, en Europe, de gaz et d’électricité, en partie produite par des centrales à gaz. Il semble en effet de plus en plus probable que l’UE va connaître des coupures de livraisons de gaz russe, au titre de contre-sanction aux sanctions européennes prises ensuite de l’agression de l’Ukraine par la Russie. Ce alors que l’Europe a frisé le blackout (panne majeure d’électricité) début 2021.
Au final, les pénuries de fournitures et de transports semblent difficilement évitables, car mondiales. Si, par ailleurs, les tragiques pénuries alimentaires frapperont d’autres continents, des pénuries de gaz et d’électricité sont probables l’hiver prochain, en Europe, avec de graves conséquences. On se souviendra en ce sens de la naïveté de l’Allemagne, sortant du nucléaire et du charbon tout en consommant du gaz russe au point de se trouver dépendante de la Russie jusqu’en 2024.
Nous entrons donc dans l’ère des pénuries, en sachant que l’UE et la Confédération peuvent avant tout compter sur leurs stocks respectifs de produits pétroliers: un atout précieux à l’heure de l’annonce du boycott du pétrole russe par l’UE.