Depuis six mois, les développeurs suisses de code vivent leur «MOMENT». Avec un usage immodéré de ChatGPT, GitHub Copilot, MetaGPT, AlphaCode, Codex, Amazon CodeWhisperer, AixCoder, etc., ils découvrent la vitesse de programmation avec l’IA. C’est vertigineux.
En effet, une véritable révolution est en cours pour les développeurs, même en Suisse. Tout se déroule soudainement à une vitesse éclair. Traduire un morceau de code d’un langage informatique vers un autre langage (par exemple Python) ne prend désormais que quelques secondes. Le développement de lignes de code devient plus facile, plus efficace et presque ludique avec cette collaboration avec l’IA.
La rapidité n’a en rien compromis la qualité du code, au contraire, lorsque le développeur et l’outil collaborent, la lisibilité s’améliore légèrement dans le code assisté par l’IA. La préparation automatique de la documentation se fait en un clin d’œil. Les développeurs sont enthousiastes. Enfin, des résultats métiers plus satisfaisants sont obtenus.
Pour les entreprises en Suisse, ce qui est le plus surprenant dans tout cela, c’est qu’il n’est plus aussi intéressant de faire appel à la sous-traitance dans les pays de l’Europe de l’Est, en Inde ou en Asie du Sud-Est.
«Nous pouvons désormais implémenter des algorithmes de manière quasi instantanée», confirme Christopher Bouzas, CEO de Digiinov, une société spécialisée en logiciel industriel. C’est un changement radical. C’est moins coûteux pour nos clients, avec la proximité en prime. En prenant de simples précautions, la confidentialité des données est garantie et nos ingénieurs peuvent se concentrer sur des développements à plus forte valeur ajoutée. C’est passionnant, ajoute-t-il.
Pour un industriel, c’est comme si la production chinoise revenait en Suisse. Inimaginable
Xavier Comtesse et Delphine Seitiée
Au niveau industriel, le discours est le même: Hugo van Buel, le dynamique CEO de Cla-Val, fait désormais développer par ses propres informaticiens les derniers morceaux de code que, autrefois, une succursale tunisienne réalisait pour eux. C’est énorme. Pour un industriel, c’est comme si la production chinoise revenait en Suisse. Inimaginable. Nous sommes en train de changer de paradigme. Il va falloir repenser la manière dont les entreprises déploient leurs équipes IT. La productivité locale va effacer les différences de salaires. La «relocation» devient un concept industriel.
Cela soulève une question fondamentale: comment les entreprises vont-elles s’organiser?
Tout d’abord, il n’est pas nécessaire de constituer des équipes importantes «in house», mais plutôt d’opter pour une configuration avec une petite équipe interne et un partenaire externe. Il existe en Suisse suffisamment de compétences chez de bons acteurs de taille humaine comme Elca, Proconcept ou Infomaniak, etc., ainsi que chez de plus petites start-up comme Digiinov ou Visium.
Chacun peut trouver une solution qui lui convient. Ainsi, le paysage de l’IT en Suisse va connaître une transformation complète… et devenir «glocal».