Les start-up suisses peinent à recruter les profils dont elles ont besoin, pénurie de talents oblige. L'assouplissement du modèle de contingentements pour les ressortissants d’Etats dits tiers, en discussion au Parlement fédéral, devrait permettre de solutionner en partie ce problème.
C’est une réalité: le manque de main-d'œuvre qualifiée vient en tête des préoccupations des entreprises. Cette pénurie est d’autant plus regrettable que les jeunes pousses d’ici cartonnent: l’an dernier, elles ont levé près de trois milliards de francs, surpassant le chiffre record de 2019. La qualité de l’enseignement dans nos Hautes écoles n’est pas en cause: il s’avère que les start-up évoluent pour la plupart dans des secteurs de pointe et ont besoin de profils très spécifiques que l’on ne trouve pas chez nous.
Aussi l’idée d’une simplification des formalités administratives fait-elle son chemin, sous la forme d’un visa spécifique permettant de recruter plus facilement des talents, en provenance notamment de pays dits tiers. Ce concept a été débattu sous la Coupole fédérale. En mai 2021, le Conseil national a adopté une motion exigeant que le système actuel de contingents soit remplacé par un processus d'immigration plus flexible. Dans les faits, il s’avère que les grands cantons, comme celui de Vaud, épuisent très vite ces sésames qui sont en nombre insuffisant.
Vu la lenteur de notre processus législatif, la mise en œuvre de cette motion donne des sueurs froides aux entreprises
Claudine Amstein
En lien avec cette problématique, il apparaît que ces permis sont souvent refusés parce que les employés des start-up ne sont pas payés selon les normes du calculateur statistique Salarium. Ce dernier ne tient pas compte du paiement en stock options, qui confère au collaborateur le droit d’acheter des actions de la société. Dans les faits, ceux-ci devraient être considérés comme faisant partie intégrante du salaire. Cet aspect devra être pris en compte à terme par les autorités.
Le dossier des contingents des ressortissants d’Etats tiers se trouve désormais au niveau du Département fédéral de justice et de police. Vu la lenteur de notre processus législatif, la mise en œuvre de cette motion donne des sueurs froides aux entreprises, sachant que chez nos voisins, les choses évoluent rapidement. Une telle mesure a d’ores et déjà été adoptée en France. Ainsi, nos voisins d'outre-Jura ont lancé l’initiative «French Tech», pour attirer des talents étrangers. La France, qui préside le Conseil l’Union européenne ce semestre, entend de plus miser sur les start-up européennes pour reprendre en main la souveraineté numérique sur le continent. Elle a annoncé en février dernier avoir récolté plus de 3,5 milliards d’euros à investir dans l’écosystème.
Former davantage dans nos Hautes écoles reste une nécessité, mais nous avons parfois un temps de retard sur les nouveaux métiers très pointus. Certains secteurs peinent ainsi à trouver la perle rare. La complexité de cette problématique doit nous conduire à travailler sur plusieurs axes afin de pouvoir dénicher des talents et du personnel hautement qualifié pour l’économie.