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Les méfaits du sucre

Il s'agit d'une question de santé publique, mais à laquelle les entreprises peuvent aussi répondre. Par René Longet

«La crainte des producteurs de betteraves sucrières devant l’interdiction des pesticides épandus pour assurer de forts rendements, mais si néfastes pour les abeilles, pourrait trouver une réponse gagnant-gagnant. En effet, s’ils passaient au bio et produisent alors peut-être un tiers de moins, il suffirait que le prix du sucre augmente d’autant...»
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«La crainte des producteurs de betteraves sucrières devant l’interdiction des pesticides épandus pour assurer de forts rendements, mais si néfastes pour les abeilles, pourrait trouver une réponse gagnant-gagnant. En effet, s’ils passaient au bio et produisent alors peut-être un tiers de moins, il suffirait que le prix du sucre augmente d’autant...»
René Longet
Expert en développement durable
15 mars 2023, 7h00
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Ainsi donc le Conseil national, après le Conseil des Etats, a rejeté ce 27 février deux initiatives cantonales (Fribourg et Genève), la première demandant une indication de la teneur en sucre des aliments, la seconde une réduction de cette teneur. Le motif: ce n’est pas le rôle de l’Etat d’intervenir dans les habitudes alimentaires des gens. Comme si ces habitudes n’avaient pas un impact direct sur la collectivité, ne serait-ce à travers les coûts de la santé!

Il ne s’agit pas d’abord du sucre que nous mettons consciemment dans notre café ou dans nos desserts. Pour l’essentiel, il s’agit de sucre caché, ultra-raffiné, ultra-blanc, ajouté en excès, tout comme le sel, dans la plupart des préparations alimentaires industrielles et à l’insu du consommateur.

Réduire les coûts de la santé

A l’instar de la viande transformée, le sucre est aujourd’hui au cœur des engagements de promotion de la santé. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) le souligne: «La limitation des apports en sucres libres à moins de 10% des apports énergétiques totaux s’inscrit dans le cadre d’un régime alimentaire sain. Il est suggéré (...) de passer en dessous de 5% des apports énergétiques totaux (...).»

Notons que Red Bull, par exemple, a refusé de souscrire à cet engagement volontaire et réversible

René Longet

Selon l’Office fédéral de la santé publique, un quart de la population suisse est touché par des maladies non transmissibles, telles que le cancer, les affections cardiovasculaires, le diabète ou les troubles articulaires, à l’origine de la moitié des coûts de la santé. L’excès de sucre est associé à l’ensemble de ces morbidités et plus du tiers du sucre ingéré provient des boissons sucrées.

Un autre office fédéral, l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (Osav), souligne que «les données disponibles ne permettent pas de déterminer exactement la quantité de sucre consommée en Suisse. En se basant sur (...) la division (...) des statistiques à l’Union suisse des paysans, l’Osav l’évalue à environ 100 g par personne et par jour, soit beaucoup plus que les valeurs préconisées par l’OMS» (en clair: quatre fois trop).

Cet office a dès lors mis sur pied un programme de réduction des teneurs en sucre impliquant «24 entreprises agroalimentaires qui ont choisi la voie de la réduction des sucres dans les aliments». Notons que Red Bull, par exemple, a refusé de souscrire à cet engagement volontaire et réversible.

Moins de sucre, tout bénéfice pour tous

Sans mesures légales, on n’avancera pas. Précisément pour lutter contre la consommation excessive de boissons sucrées, de nombreux pays taxent désormais leur teneur en sucre, ce qui en a nettement réduit l’attractivité.

Dans ce contexte, la crainte des producteurs de betteraves sucrières devant l’interdiction des pesticides épandus pour assurer de forts rendements, mais si néfastes pour les abeilles, pourrait trouver une réponse gagnant-gagnant. En effet, s’ils passaient au bio et produisaient alors peut-être un tiers de moins, il suffirait que le prix du sucre augmente d’autant... Nous sommes faits de ce que nous mangeons, ne l’oublions pas!