Ce vendredi, le Conseil fédéral annoncera probablement un durcissement des mesures sanitaires visant à endiguer l’avancée du Covid-19. Parmi celles-ci, l’obligation de télétravail figurera sans doute en bonne ligne. Selon un sondage effectué il y a deux semaines par la FER Genève, 70% des 1200 entreprises répondantes n’en veulent pas. Non pas parce qu’ils sont opposés à l’idée même du télétravail, qu’ils ont largement implémenté, mais parce que les mesures de protection qu’ils ont mises en place depuis vingt mois, inscrites dans les plans de protection de leur entreprise, ont porté et portent encore leurs fruits: les entreprises ne sont pas des clusters de propagation du virus.
Si seul un petit tiers des entreprises offrait la possibilité de faire du télétravail avant la crise sanitaire, cette proportion a considérablement augmenté depuis. Sans surprise, le pourcentage de personnes en télétravail dépend directement du type d’activité effectué. Ainsi, 85% des personnes actives dans l’informatique et la communication font du télétravail, contre 12% dans l’hôtellerie-restauration, selon une étude de l’Office fédéral de la statistique.
Qu’en sera-t-il après la crise sanitaire? Un retour au statu quo ante n’est ni possible ni souhaitable. Les freins technologiques qui empêchaient le travail à distance avant mars 2020 ont été complètement levés. Les défis liés à la gestion d’équipe et à l’organisation des tâches ont partiellement trouvé des réponses, même s’il est crucial de donner les bons outils à l’encadrement et aux collaboratrices et collaborateurs pour que le télétravail fonctionne à la satisfaction de toutes les parties.
Surtout, les mentalités ont évolué et le télétravail est devenu une composante essentielle de l’équilibre entre vies privée et professionnelle. Pour continuer à attirer et à garder des talents en leur sein, les entreprises doivent offrir à leurs employés des conditions de travail séduisantes. Le télétravail en fait incontestablement partie.
Les frontaliers bénéficient d’un régime d’exception au moins jusqu’au 31 mars 2022, mais qu’en sera-t-il ensuite?
Véronique Kämpfen
Là où le bât blesse, sans que la volonté des employeurs n’en soit responsable, c’est l’impossibilité formelle de proposer du télétravail pérenne à l’ensemble de leurs employés. Les frontaliers bénéficient actuellement d’un régime d’exception, tant du point de vue fiscal que de l’assujettissement aux assurances sociales. Celui-ci perdurera au moins jusqu’au 31 mars 2022, mais qu’en sera-t-il ensuite? La question reste ouverte.
Dans un canton comme Genève, qui dispose de 390.000 postes de travail pour une population résidente de 240.000 actifs, chômeurs compris, disposer d’un bassin de recrutement par-delà ses frontières n’est pas un luxe ou une option. C’est une nécessité. Conserver une flexibilité des modèles de travail, parmi lesquels le télétravail, pour continuer à attirer du personnel qualifié est plus qu’un enjeu, c’est vital pour son économie.