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Le mieux est quelquefois l’ennemi du bien

Les enjeux autour de l'initiative contre l'expérimentation animale très émotionnelle sont multiples. Le niveau de santé des Suisses serait très clairement diminué. Par Stéphanie Ruegsegger

"Le texte demande que la Suisse interdise toute expérimentation animale ou humaine. Mais également le commerce, l'importation et l'exportation de tous les produits issus de l’expérimentation."
Keystone
"Le texte demande que la Suisse interdise toute expérimentation animale ou humaine. Mais également le commerce, l'importation et l'exportation de tous les produits issus de l’expérimentation."
Stéphanie Ruegsegger
FER Genève - Directrice politique générale
27 janvier 2022, 14h00
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Il y a les images choc. Et il y a la réalité du terrain. L’initiative visant à interdire l’expérimentation animale est clairement émotionnelle. Elle n’en est pas moins dangereuse pour la recherche et la santé en Suisse. On se prononcera sur cet enjeu le 13 février prochain.

Le texte demande que la Suisse interdise toute expérimentation animale ou humaine. Mais également le commerce, l'importation et l'exportation de tous les produits issus de l’expérimentation. Les médicaments déjà autorisés pourront continuer à être distribués, pour autant qu’ils ne fassent plus l’objet d’essais sur les animaux, en Suisse ou ailleurs dans le monde. Et cela, même s'il n'y a pas d'alternatives à ces méthodes.

Les conséquences de ces exigences sont pour le moins inquiétantes, voire dramatiques pour la Suisse. La recherche serait délocalisée vers d’autres places scientifiques, moins exigeantes dans la protection animale, au détriment de la place scientifique suisse, qui ne pourrait plus mener des recherches dans des conditions adaptées. C’est un véritable autogoal, pour les animaux comme pour notre pays. Il faut savoir que des efforts conséquents sont réalisés pour trouver des alternatives cliniques à l’expérimentation. Ces trente dernières années, le recours à cette méthode a diminué de plus de 70% en Suisse. Mais le fait est qu’elle reste nécessaire dans bien des cas.

De nombreux traitements ne sont possibles aujourd’hui que grâce à l’expérimentation animale.

Stéphanie Ruegsegger

Au-delà des effets désastreux pour notre place scientifique et les animaux eux-mêmes, l’initiative impacterait également la santé des Suisses. De nombreux traitements ne sont possibles aujourd’hui que grâce à l’expérimentation animale. Que ce soit la lutte contre le cancer, la maladie d’Alzheimer ou encore de Parkinson, elle est essentielle et indispensable. N’imaginons pas que seuls les nouveaux traitements seraient concernés, car les thérapies actuelles et déjà distribuées en Suisse seraient aussi touchées. En effet, ces dernières font l’objet en continu d’essais pour en vérifier les effets secondaires et améliorer leur efficacité. La Suisse n’aurait donc plus accès à l’immense majorité des médicaments, qu’ils soient nouveaux ou anciens. Et les animaux, que ce texte entend protéger, seront également impactés puisqu’ils ne pourraient plus bénéficier de traitements adaptés.

Les enjeux autour de cette initiative très émotionnelle sont multiples. Le niveau de santé des Suisses serait très clairement diminué et seules les personnes pouvant se soigner à l’étranger pourraient bénéficier de traitements adaptés et de dernière génération. La place scientifique suisse perdrait son attractivité, entraînant une diminution du niveau de la recherche, de la formation et de l’innovation. Enfin, les animaux eux-mêmes seraient pénalisés par ce texte, car les expériences seraient déplacées vers des places moins soucieuses du bien-être animal et l’accès à des médicaments de qualité leur serait interdit. Le mieux est quelquefois l’ennemi du bien, et cette initiative en est la démonstration. Il faut la rejeter.