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Négociations salariales: les revendications ne connaissent pas la crise

Objet des revendications syndicales: le travail effectué durant les mois de pandémie, notamment dans certains secteurs, mérite une reconnaissance sonnante et trébuchante. Par Stéphanie Ruegsegger

Dans le cas de la manifestation du week-end passé, on constate que les secteurs mis en avant sont avant tout les plus fortement syndicalisés et sans doute les plus facilement mobilisables.
Keystone
Dans le cas de la manifestation du week-end passé, on constate que les secteurs mis en avant sont avant tout les plus fortement syndicalisés et sans doute les plus facilement mobilisables.
Stéphanie Ruegsegger
FER Genève - Directrice politique générale
04 novembre 2021, 17h00
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Nous avons vécu un week-end de protestation. Cette fois-ci, pas de manifestations contre les mesures sanitaires, mais des revendications syndicales. Objet du courroux: le travail effectué durant les mois de pandémie, notamment dans certains secteurs, mérite une reconnaissance sonnante et trébuchante.

Rien de particulièrement nouveau dans cet événement automnal traditionnel, à un détail près. La crise est passée par là, et le message s’est adapté: il y aurait des secteurs plus méritants que d’autres. Un petit relent démago, pour un discours qui n’est pas sans nous rappeler celui du président UDC le 1er août, montant les citoyens de la campagne contre ceux de la ville. Dans ce dernier cas, politique, il s’agit sans doute de trouver un nouveau bouc émissaire, après la fin des négociations sur l’accord-cadre, qui prive ce parti de son principal leitmotiv électoral.

Pour les syndicats, il y a de fortes chances pour que ce discours soit également stratégique. Ils sont en effet face à un problème qu’ils ont eux-mêmes créé. Dans les faits, les syndicats ont gentiment déserté le terrain de la négociation branche par branche pour celui de la vocifération politique. Alors que leur mission est de négocier, secteur par secteur, les conditions de travail les plus optimales pour leurs membres, ils ont opté pour des adaptations conventionnelles automatiques fixées sur l’indice des prix à la consommation, ou pire par des conditions fixées dans la loi, au travers des salaires minimaux qu’ils souhaitent imposer dans de nombreux cantons. En gros, ils ont délégué leur principale mission et n’ont du coup plus grand-chose à valoriser devant les assemblées. Il faut donc retrouver un thème mobilisateur.

Dans le cas de la manifestation du week-end passé, on constate que les secteurs mis en avant sont avant tout les plus fortement syndicalisés et sans doute les plus facilement mobilisables. Sinon, que ferait la construction dans cette stratégie, elle dont les salaires conventionnels sont bons et qui a été bien moins mise à mal que d’autres secteurs ces dix-huit derniers mois? La question est de savoir si cette stratégie est gagnante, et à qui elle profite réellement. Car si les négociations feutrées ne permettent pas forcément de faire la Une des journaux, elles contribuent sans aucun doute à améliorer les conditions de travail en vigueur en Suisse. Pour preuve le niveau de revenu de notre pays, parmi le plus élevé au monde. Mais il n’est pas certain que la nouvelle stratégie politique de division pour laquelle les syndicats ont opté soit gagnante pour ceux qu’elle est censée défendre.