De sa naissance au néolithique (agriculture et élevage), la ville s’est transformée en profondeur à chaque révolution technologique ou sociale au cours des siècles passés. De la dernière révolution, celle de l’industrie, il nous reste la centralité, la concentration extrême des populations (exode des campagnes vers la ville industrielle). Nous en subissons encore largement les effets. Mais voilà, Internet et sa horde d’entreprises destructrices/constructrices (Schumpeter est passé par là) ont changé une fois de plus le visage de la ville.
Easyjet et Ryanair ont submergé des villes accueillantes, Airbnb vide Paris de ses habitants, Uber et Uber Eat ont mis San Francisco sens dessus dessous
Xavier Comtesse et Giorgio Pauletto
EasyJet et Ryanair ont submergé des villes accueillantes comme Barcelone ou Lisbonne, Airbnb vide Paris de ses habitants, Uber et Uber Eat ont mis San Francisco sens dessus dessous, les croisières «low cost» ont coulé Venise, les GPS ont aggravé la confusion du trafic routier, Zoom et le «home office» ont distendu la ville… sans oublier les effets d’Amazon sur les librairies, de Zalando sur les boutiques à chaussures, du e-banking sur les guichets ou des selfies sur les magasins de photos… Bref, la ville traditionnelle sort chamboulée, méconnaissable! Internet est passé par là!
Alors, pouvons-nous imaginer le futur de la ville?
D’abord, on voit bien que la centralité n’est plus un facteur de domination économique… au contraire. Ce qui est économique, c’est l’éloignement, la mise en réseau, le circulaire. Internet a ouvert la distance à la proximité.
Le second facteur de la transformation urbaine est une certaine forme de gratuité en particulier de quelques services à forte valeur ajoutée comme le savoir (Wikipédia), l’IA (ChatGPT), les médias (blog), l’enseignement (Youtube), le divertissement (TikTok)… Tous sont accessibles pour rien ou presque. Cela recompose le lien social par les réseaux et la centralité du savoir par l’intelligence collective et artificielle.
Le troisième: l’«empowerment» des gens ordinaires qui ont désormais un accès direct à l’information et à l’IA en tout temps et tout lieu.
La ville du futur n’est pas la «smart city technologique» comme beaucoup de dirigeants politiques le pensent aujourd’hui mais bien plutôt une ville en réseau
Xavier Comtesse et Giorgio Pauletto
Le quatrième: l’économie «glocale» composée d’un mélange de global et de local. C’est donc bien la fin des seules routes de la soie au profit d’une économie circulaire encore à venir.
En conséquence, la ville du futur n’est pas la «smart city technologique» comme beaucoup de dirigeants politiques le pensent aujourd’hui mais bien plutôt une ville en réseau, une ville faite de villes proches portées par une ambition commune, une sorte de construction spatiale large d’un genre nouveau. Existe-t-il un tel exemple dans le monde? Eh bien oui, c’est la célèbre Silicon Valley avec plusieurs villes moyennes tels que Palo Alto, Menlo Park, Cupertino, Mountain View… qui portent ensemble le rêve de la high-tech.
Qu’en est-il de la Suisse?
On pourrait s’imaginer aisément que le «plateau suisse» représenterait ce concept de ville nouvelle, en englobant les Alpes, on aurait même une sorte de «high-tech/Heidi Land». Biotech, machine et horlogerie seraient le cœur du savoir-faire industriel.
«Savoir-innover» serait notre moto. «Health and Wealth Management» (bien-être et finance) seraient nos services et «Rurbain» (un mixte rural-urbain) porterait notre vision du développement territorial.