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L’attractivité de Genève au menu des votations du 18 juin

Deux initiatives cantonales ne présagent rien de bon. Par Stéphanie Ruegsegger

L'initiative 181 fait croire qu’une personne dont le profil n’est pas adapté aux besoins du marché du travail peut par magie se transformer en ingénieur ou en infirmière.
KEYSTONE
L'initiative 181 fait croire qu’une personne dont le profil n’est pas adapté aux besoins du marché du travail peut par magie se transformer en ingénieur ou en infirmière.
Stéphanie Ruegsegger
FER Genève - Directrice politique générale
18 mai 2023, 19h00
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La gauche et les syndicats genevois ne sont jamais en manque d’inspiration lorsqu’il s’agit de s’en prendre à l’attractivité de Genève. Pour les prochaines votations, ils proposent une nouvelle augmentation d’impôt et une proposition de machine infernale à créer des emplois publics. Ce sont les deux revers d’une même médaille: taxer plus pour dépenser plus.

Le recto consiste en une augmentation temporaire de 50% de l’impôt sur la fortune, proposée par l’initiative 185. Espérant convaincre une majorité en ciblant une minorité, cette augmentation limitée à dix ans vaut pour la part supérieure à 3 millions de la fortune. Message subliminal: elle ne concerne que les riches, qui peuvent bien faire un petit effort. Mais il y a plusieurs problèmes à cet argument.

Tout d’abord, les contribuables aisés sont déjà fortement taxés à Genève, qui a l’impôt sur la fortune le plus élevé de Suisse. Ensuite, l’outil de travail entre dans la définition de la fortune, ce qui a un impact direct sur les entrepreneurs. Et comme Genève se distingue par des pratiques peu agréables à l'encontre de certains de ses contribuables, le fisc genevois évalue l’outil de travail à un niveau très élevé. Une double peine pour les entrepreneurs genevois, qui s’aggraverait encore avec l’acceptation de cette initiative.

Le verso de la médaille est proposé par l’initiative 181, dite 1000 emplois. En fonction du taux de chômage (base de 5%) et sans limite dans le temps, les initiants entendent créer mille nouveaux emplois publics par an, dans des domaines en lien avec l’Agenda 21, soit principalement la santé, le social et la transition énergétique. Mais là aussi, il y a quelques hic.

En cumulé et sur dix ans, les charges supplémentaires pour la fonction publique genevoise [provoqués par l’initiative 181] pourraient atteindre 6 milliards de francs.

Stéphanie Ruegsegger

Le canton de Genève propose près de 400.000 emplois à une population active de 236.000 personnes. Il n’a donc pas de problème d’emplois. Il a en revanche un problème de chômage, toujours plus élevé qu’ailleurs en Suisse. L’initiative ne résout cependant pas cette problématique, puisqu’elle ne contient pas de volet formation. Elle est un mirage, qui fait croire qu’une personne dont le profil n’est pas adapté aux besoins du marché du travail peut par magie se transformer en ingénieur ou en infirmière. Les postes créés ne pourront pas être occupés par la plupart des personnes sans emploi, qui souffrent souvent d’un déficit de qualifications.

Comme si la plaisanterie n’allait pas assez loin, l’initiative se double d’un second volet, encourageant la semaine de 32 heures sans diminution de salaire. Ce texte fera donc exploser les coûts. Ceux de la fonction publique, qui est déjà la plus chère de Suisse, d’une part. En cumulé et sur dix ans, les charges supplémentaires pourraient atteindre 6 milliards de francs. Et du travail d’autre part, car travailler moins pour le même salaire implique forcément que l’on doit payer plus pour la même prestation. Et tout cela sur le dos de qui? Des contribuables, des entreprises et des générations à venir.

Le 18 juin, le peuple genevois sera bien inspiré de rejeter ces deux initiatives, qui risquent de mettre à mal le fragile équilibre fiscal et budgétaire du canton.