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La votation sur Frontex, un test majeur pour la relation Suisse - UE

Il s’agit de décider si la Suisse reste dans un espace commun de liberté, de sécurité et de justice qui lui apporte des avantages indéniables. Par Catherine Lance Pasquier

«Outre la protection des frontières extérieures, Schengen permet à la Suisse de bénéficier de la coopération internationale en matière de justice et de police dans la lutte contre la criminalité.»
Keystone
«Outre la protection des frontières extérieures, Schengen permet à la Suisse de bénéficier de la coopération internationale en matière de justice et de police dans la lutte contre la criminalité.»
Catherine Lance Pasquier
FER Genève - Directrice adjointe de politique générale
24 février 2022, 22h52
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Au menu de la prochaine votation fédérale figure un objet d’une importance majeure pour l’avenir des relations de la Suisse avec l’Union européenne. Suite à un référendum, nous devrons voter une nouvelle fois sur un développement de l’acquis de Schengen, qui est crucial pour la sécurité de notre pays. L’Agence européenne de gardes-frontières et de garde-côtes, communément appelée Frontex, est appelée à se renforcer pour améliorer l’efficacité du contrôle aux frontières extérieures, mieux lutter contre la criminalité transfrontalière et maîtriser davantage la pression migratoire. La Suisse, pays associé à la coopération Schengen et qui participe à l’élaboration de l’acquis de Schengen, doit augmenter son implication financière et en personnel dans l’agence.

Ce projet fait face à une opposition pour le moins contradictoire. Certains estiment que Frontex serait trop active dans la lutte contre la migration illégale alors qu’elle serait trop laxiste pour les autres. On peine à comprendre comment un retrait de la Suisse de Frontex améliorerait la situation des migrants aux frontières de l’Union européenne. Il est clair, en revanche, que la Suisse en paierait le prix fort. En signant l’accord d’association à Schengen en 2004, elle s’est engagée à reprendre les développements de l’acquis.

Un refus de la Suisse entraînerait son exclusion de la coopération Schengen

Catherine Lance Pasquier

L’espace Schengen ne peut naturellement fonctionner que si tout le monde suit les mêmes règles. Un refus de la Suisse entraînerait son exclusion de la coopération Schengen. L’enjeu de la votation dépasse ainsi clairement la question de Frontex. Il s’agit de décider si la Suisse reste dans un espace commun de liberté, de sécurité et de justice qui lui apporte des avantages indéniables.

Outre la protection des frontières extérieures, Schengen permet à la Suisse de bénéficier de la coopération internationale en matière de justice et de police dans la lutte contre la criminalité. Schengen représente aussi un atout économique majeur pour le secteur du tourisme notamment, grâce au visa commun. Enfin, nous profitons tous de la liberté de voyager en Europe, par la suppression des contrôles systématiques aux frontières intérieures.

La votation aura lieu le 15 mai, près d’un an après la décision du Conseil fédéral de ne pas signer l’accord-cadre. Alors que la Suisse est déjà empêtrée dans une relation difficile avec l’Union européenne, il n’est vraiment pas nécessaire d’aggraver la situation.

Que ceux qui sont prêts à mettre à mal l’édifice des accords bilatéraux patiemment construit ces vingt dernières années nous expliquent comment la Suisse se portera mieux en étant seule et isolée de ses partenaires naturels et comment elle pourra mieux défendre ses intérêts ainsi que ses valeurs humanistes en étant exclue des discussions. La Suisse, au cœur de l’Europe, vit en totale interdépendance avec ses voisins européens avec qui elle partage une véritable communauté de destin. Nous avons l’opportunité de le rappeler le 15 mai.